Faisant partie des pays les plus pauvres de la planète, Madagascar occupe depuis plusieurs années la dernière place au monde en ce qui concerne la densité de pharmaciens et de pharmacies. Selon la Fédération internationale de la pharmacie (FIP), le pays comptait 265 pharmaciens d’officine en 2016, soit 0,11 pour 10 000 habitants. Plus grave encore, la Grande île est le seul pays dont la démographie pharmaceutique, déjà très basse, a continué à baisser depuis plus de dix ans, contrairement à des pays comme l’Ouganda ou le Bangladesh qui, aussi mal placés qu’elle au milieu des années 2000, ont connu depuis une amélioration sensible de leur démographie pharmaceutique. Actuellement, Madagascar compte environ 200 pharmacies pour près de 25 millions d’habitants, soit une pharmacie pour 120 000 habitants, plus de trente fois moins qu’en France. De plus, près de la moitié des officines se concentre dans la capitale, Antananarivo, où la densité n’est « que » d’une officine pour 27 000 habitants.
Un déficit en formation
Selon les autorités malgaches, cette situation, qui n’a fait qu’empirer depuis le début des années 2000, est liée à l’absence de formation dédiée depuis l’indépendance du pays en 1960. En 2005, les autorités ont toutefois créé un département de pharmacie à l’Université d’Antananarivo au sein de la Faculté de médecine, déjà soutenu par les Fondations Pierre Fabre et Mérieux, ainsi que par l’Université de Grenoble. L’enseignement y dure six ans, et attire en moyenne 225 étudiants par an, avec deux filières, officine et hôpital.
Depuis 2012, une vingtaine de pharmaciens sortent chaque année diplômés de ce département, mais il en faudrait dix fois plus pour répondre aux besoins. Pour cette raison, le département deviendra une Faculté autonome au sein de l’Université, l’objectif étant de consolider et pérenniser la formation pour répondre aux besoins en pharmaciens, en priorité pour le secteur public. Occupant une surface de 700 mètres carrés, la nouvelle faculté disposera de 5 salles de cours et de 3 salles de travaux pratiques.
Le pays connaît depuis de longues années une situation économique et politique particulièrement difficile, encore aggravée par une corruption endémique : pour cette raison d’ailleurs, de nombreuses fondations et organismes internationaux préfèrent coopérer en construisant des institutions, notamment universitaires et sanitaires, plutôt que d’apporter un soutien financier fréquemment détourné. La misère accroît aussi l’insécurité et la violence, dont deux pharmaciens d’officine viennent d’ailleurs d’être victimes : fin octobre, l’une a été assassinée dans sa voiture par des bandits de grand chemin, et l’autre a été enlevé devant son officine et n’a toujours pas été retrouvé.
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