La téléconsultation s'avère utile pour faciliter l'accès aux soins et le suivi médical dans les territoires concernés par une pénurie de médecins, ou encore dans certaines circonstances spécifiques, notamment lorsque les médecins (généralistes ou spécialistes) sont indisponibles.
Depuis quelques années, des entreprises spécialisées - telle que Qare - se sont lancées sur ce créneau, invitant ainsi les officinaux à élargir leurs domaines d'intervention. « Notre solution digitale permet notamment de mettre en relation des patients avec un médecin, par le biais du pharmacien d'officine. La téléconsultation s'effectue en vidéo, de façon sécurisée. Durant toute la téléconsultation, le patient peut être assisté par le pharmacien. L'officinal dispose d'objets connectés (stéthoscope, otoscope, thermomètre, pharyngoscope, caméra HD) pour examiner ce dernier et télétransmettre les résultats au médecin. Celui-ci peut, à son tour, poser un diagnostic à distance et transmettre l'ordonnance au patient, via son espace sécurisé », affirme Nicolas Wolikow, cofondateur de Qare.
Des prérequis indispensables
Le titulaire d'officine ne peut, toutefois, se lancer dans la télémédecine sans avoir étudié certains prérequis. « Il doit notamment se demander si la typologie de sa pharmacie est adaptée à un tel déploiement. La patientèle d'une officine rurale sous-dotée en médecins, n'a pas les mêmes problématiques que celle d'une galerie commerciale ou d'une zone péri-urbaine », indique Thierry Cousin, responsable formation et partenariat de Agir pour la télémédecine, un organisme spécialisé dans la sensibilisation, la formation DPC et l'accompagnement des acteurs de santé à la télémédecine. Par ailleurs, l'avenant n° 15 à la convention du 4 avril 2012 signée entre les pharmaciens et l'assurance-maladie mentionne la nécessité, pour une officine, de bénéficier d'un espace de confidentialité pour pouvoir déployer la télémédecine. « Une pharmacie qui dispose d'un local (pour la vaccination ou les entretiens pharmaceutiques, par exemple) a déjà fait un premier pas vers la téléconsultation », note Thierry Cousin.
Autre point important : la téléconsultation s'intègre dans un parcours de soins non programmés. Les patients qui y recourent, arrivent à l'officine de façon imprévisible. « Le titulaire doit donc identifier, dans son équipe, des personnes disponibles pour mettre en place des téléconsultations à n'importe quelle heure de la journée », précise Thierry Cousin. Il convient aussi de vérifier la qualité du réseau Internet. Enfin, « le pharmacien ne peut développer la télémédecine sans en avoir informé les médecins de son territoire », insiste Nicolas Wolikow.
Une valeur ajoutée pour l'officine
La téléconsultation est possible, en officine, depuis le 15 septembre 2018. « Un nombre croissant de pharmaciens s'y intéressent. Mais ils se posent encore beaucoup de questions pratiques et déontologiques sur le sujet. L'Ordre des pharmaciens a conscience de cette préoccupation et est en mesure de répondre aux questions des officinaux », indique Bruno Maleine, président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens d'Ile-de-France. Les pharmaciens souhaitant s'investir dans la téléconsultation peuvent bénéficier d’une participation forfaitaire aux frais d’équipement en objet connecté (1 225 euros la première année et 350 euros, les années suivantes). En fonction du nombre de téléconsultations réalisées, l'officine peut toucher jusqu'à 400 euros supplémentaires par an. « La rémunération n'est que l'une des composantes de la valeur ajoutée de la télémédecine pour l'officine. Celle-ci doit s'inscrire dans une vraie stratégie d'entreprise : elle peut être un moyen de fidéliser, mais aussi d'attirer une nouvelle patientèle », conclut Luc Besançon, fondateur directeur du cabinet Pharmacy & Consulting et ancien directeur général de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP).
D'après une table ronde lors du congrès SPOT-Pharma à Paris, décembre 2019.
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