LE POUVOIR doit en effet franchir trois gros obstacles : les divisions de la majorité, créées par les mesures brutales prises contre les Roms et dont le point culminant aura été l’affrontement entre Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, et Jean-François Copé, chef de la majorité à l’Assemblée, qui estime que M. Bertrand n’a pas su porter la polémique au sujet des Roms ; le flottement du gouvernement dont plusieurs membres s’attendent à être limogés lors d’un remaniement que Nicolas Sarkozy a annoncé il y a deux mois pour l’automne (ce qui est vague), déclenchant du même coup une incertitude peu propice à de grandes décisions, d’autant que personne ne peut dire si François Fillon, personnalité la plus populaire de la majorité, restera ou non à son poste ; le rejet viscéral de la réforme des retraites par les syndicats qui a déjà contraint le gouvernement à envisager des retouches du projet, notamment sur la pénibilité du travail, et l’affaiblissement croissant du principal négociateur du pouvoir, Éric Wœrth, plus que jamais enferré dans un conflit d’intérêts qui exigerait son départ si M. Sarkozy ne l’avait soutenu et si un tel départ ne précipitait forcément le remaniement.
En d’autres termes, le rythme voulu par M. Sarkozy est dépassé par la cadence beaucoup plus rapide des événements. À la lumière des faits, la position personnelle de M. Wœrth est devenue insoutenable : il ne semble avoir commis aucune faute caractérisée, mais il ne peut plus nier le conflit d’intérêts entre la Légion d’honneur de Patrice de Maistre et l’emploi obtenu par sa femme Florence chez Liliane Bettencourt, emploi qu’elle a quitté récemment. La confiance accordée à M. Wœrth ne peut pas résister aux progrès de l’enquête de police. De même que le réalisme de la réforme des régimes de retraite, indispensable et urgente, ne résiste pas à la vague de rejet qu’elle inspire. De même qu’on ne gouverne pas avec une équipe découragée, inquiète et incertaine de son avenir immédiat.
M. Sarkozy doit accorder le temps de ses actions avec celui de son impopularité croissante et des exigences populaires. En dépit des tirs de barrage excessifs de l’opposition, le président ne manque pas d’atouts. D’abord, le gouvernement, que les Français le veuillent ou non, reste notre seul instrument pour lutter contre la dégradation économique et sociale ; ensuite, les grands rassemblements partisans de l’été produisent infiniment plus de paroles que de faits ; le parti socialiste semble surmonter ses divisions mais ne parviendra pas à empêcher une énorme bagarre entre les candidats au moment des primaires ; il n’a pas, pour le moment, de programme alternatif à celui de M. Sarkozy ; enfin, la puissante montée des Verts masque un indéracinable amateurisme que la mise à l’écart de Daniel Cohn-Bendit par Cécile Duflot et par Éva Joly n’a guère entamé. Et même si M. Cohn-Bendit a encouragé Mme Joly à présenter sa candidature parce que son style tranchant plaît à l’opinion, la seule perspective de son accession à la présidence, fût-elle théorique, montre que, chez les Verts, on fait encore les choses pour la beauté du débat et pas pour conquérir le pouvoir.
L’intérêt du pays, quoi qu’il en soit, ne se définit pas par les chances du gouvernement ou de l’opposition, mais par les mesures à prendre pour qu’il se redresse. L’hystérie des attaques antisarkozystes n’enlève rien au fait que, jusqu’en mai 2012, M. Sarkozy restera président et qu’il lui revient de résoudre au moins quelques-uns des graves problèmes posés par l’endettement, par l’emploi, et par les divisions d’une société dont les composantes sont fort peu disposées à la sagesse du compromis. C’est à M. Sarkozy et à son gouvernement qu’il appartient d’achever quelques réformes restées au milieu du gué, de rendre un peu d’espoir à la partie désœuvrée de la jeunesse, de combler les fossés entre les communautés. Tout en jurant qu’il n’est pas sûr de se présenter pour un second mandat, le chef de l’État adopte des mesures qui n’ont de sens qu’électoral. Il faut qu’il en finisse avec ce genre de calcul. Il faut qu’il ait de la compassion pour tous les Français sans exclusive. Il n’est pas obligé d’accepter le désordre semé par tels ou tels, au mépris des lois et des institutions. Mais il est au service de tous. Ce que nous lui proposons est simple : pour changer et pour convaincre, qu’il essaye donc, en lieu et place du cynisme, la générosité.
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