Entretien pharmaceutique, conciliation, bilan partagé de médication, plan personnalisé de soins… les outils de la pharmacie clinique arrivent à l’officine. Et avec eux, une nouvelle coordination des traitements médicamenteux tout au long du parcours du patient. Mais cette évolution nécessite deux préalables : la formation des professionnels de santé et des outils connectés leur permettant de communiquer entre eux.
C’est le défi relevé par Dominique Breilh, PU-PH au laboratoire de pharmacie clinique et pharmacocinétique de l’université de Bordeaux : « Nous ouvrirons en septembre 2019, un DU de pharmacie clinique totalement digitalisé, destiné aux pharmaciens, médecins, infirmiers (ères) et peut-être ultérieurement aux préparateurs en pharmacie. »
Cette formation au fil de l’eau (sur un ou deux ans) proposera 120 heures d’enseignements disponibles en ligne : « Rien à voir avec des moocs, explique Dominique Breilh, notre équipe pédagogique composée de médecins et pharmaciens experts, de psychologues, mais aussi de patients, travaille sur des contenus pédagogiques diversifiés : cours magistraux, cas cliniques, serious games… »
Modules par pathologies
Ce DU sera complété d’une quinzaine de modules thématiques sur des pathologies : biothérapies, cancérologie orale, infectiologie, immunologie, vaccination, maladies du système nerveux, respiratoire, cardiaque…
Il devrait également organiser un ou deux colloques par an et proposer des outils de communication (forums thématiques) permettant à ses étudiants d’échanger en temps réel.
Soutenue par l’URPS Pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine, cette formation devrait prochainement recevoir l’appui des URPS médecins et infirmiers. Déjà une centaine de préinscriptions sont pressenties. « Nous avons aussi été approchés par de grands groupements et des mutuelles », indique Dominique Breilh.
Baptisé e-Pharm Clin, ce DU rassemblera des professionnels de santé libéraux et hospitaliers des pays francophones : « Le temps des formations fermées est révolu ; nous voulons mettre en place des ponts, décloisonner, travailler tous ensemble, poursuit Dominique Breilh. Nous associerons aussi les étudiants en 5e ou 6e année de pharmacie, pour leur faire comprendre l’importance d’intégrer la pharmacie clinique à leur métier pour optimiser le parcours du patient. »
Ce DU pourra être pris en charge dans le cadre du développement professionnel continu. Il s’appuie sur un partenariat entre l’université de Bordeaux, la Fondation Bordeaux université, des laboratoires mécènes (Astellas, AstraZeneca, Celgene, Novartis, Sanofi…) et des représentants de patients.
À plus long terme, Dominique Breilh ambitionne de créer une plateforme d’expertise en pharmacie clinique et pharmacocinétique. Animée par une équipe support universitaire, elle aurait pour mission de répondre comme une hot line, aux questions des professionnels de terrain. Quant à son modèle économique, il pourrait s’appuyer sur celui de la télémédecine…
Une façon d’intégrer enfin la pharmacie clinique au cœur de notre système de soins, car « en la matière, nous avons près de dix ans de retard sur les USA (modèle Kaiser permanente), le Canada ou le Royaume-Uni », souligne le Pr Breilh.
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