C’EST UNE PREMIÈRE. Pendant près de trois mois, l’ensemble des étudiants en pharmacie de France ont été invités à répondre à un large questionnaire d’une centaine d’items concocté par l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF)*. Résultat, 3 256 élèves des facultés ont donné leur avis sur les 18 000 inscrits dans le cursus pharmaceutique.
C’est l’un des constats du « Grand entretien » de l’ANEPF et il est inquiétant : les études pharmaceutiques manquent d’attraits. Ainsi, un tiers des étudiants interrogés n’envisageaient pas de choisir la filière pharmaceutique dès leur inscription post-bac. « Ce choix est donc fait par défaut », observe l’association étudiante. Pour Pierre-Emmanuel Chator, vice président de l’ANEPF, « le sondage a mis en exergue que la filiale pharmaceutique souffre d’un véritable problème d’attractivité. Cette constatation n’est pas récente, mais elle a été potentialisée par la mise en place de la PACES, qui pourtant était destinée à favoriser l’interprofessionnalité ». Pour preuve, parmi les étudiants n’ayant pas vécu la PACES, 14 % n’avaient pas choisi de faire pharmacie en première intention. Alors que ce pourcentage frise les 36 % chez les étudiants ayant effectué la PACES. L’objectif premier des étudiants ayant opté pour la pharmacie par défaut était, à l’origine, d’entrer en médecine.
Promouvoir dès le lycée.
Pour corriger le tir, l’association étudiante envisage d’attaquer le mal par la racine. C’est-à-dire dès le lycée. La filière manque effectivement cruellement de promotion auprès des lycéens : « nous n’avons pas été suffisamment informés sur la filière avant d’entamer nos études », confirment ainsi plus de 80 % des étudiants actuellement en pharmacie. « Pour inverser la tendance, nous élaborons des kits d’orientation vers la filière pharmaceutique dont l’objectif est d’aider les étudiants et les personnes qui rencontrent les lycéens à promouvoir la filière pharmacie auprès d’eux », évoque Pierre-Emmanuel Chator. Par ailleurs, l’ANEPF édite déjà une collection de guides pratiques (le Guide des professions pharmaceutiques, le Guide des études pharmaceutiques et des Masters 2 et le Guide PACES). L’association réfléchit également à réaliser une application pour Smartphone présentant les études de pharmacie de façon ludique.
Des cours magistraux boudés.
L’enquête de l’ANEPF soulève également les manques pédagogiques des cours magistraux, fortement boudés par les étudiants. « Près de 35 % d’entre eux avouent n’aller en cours que rarement, voire jamais », observe Pierre-Emmanuel Chator. Les principales raisons de cet absentéisme sont le manque d’intérêt des cours magistraux, l’utilisation de ce temps pour travailler personnellement et l’existence d’alternatives à la présence en amphithéâtre (polycopiés, ronéos, partage de prise de notes). « Rendre les cours magistraux plus attractifs est une priorité », martèle le vice-président de l’ANEPF, qui propose d’y intégrer plus d’éléments interactifs. « Certaines facultés expérimentent, par exemple, des nouveaux types de cours durant lesquels les étudiants répondent à des quiz, éveillant ainsi leur intérêt », illustre-t-il.
Par ailleurs, des contrôles des connaissances réguliers seraient un moyen d’augmenter le taux de présence en cours, mais aussi de favoriser un apprentissage régulier des enseignements. L’ANEPF note à ce titre que « 81 % des étudiants considèrent que les partiels ne reflètent pas correctement leur formation ». Il serait donc temps de changer de système d’évaluation.
Enfin, il faudrait également mieux préparer les étudiants à leur entrée dans le monde professionnel. Selon l’enquête, 82 % d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas acquis assez de pratique au cours de leur cursus et attendent des enseignements plus adaptés à l’exercice professionnel, comme le management d’équipe, le merchandising, la comptabilité, le droit de la santé. Certaines facultés, comme celle de Limoges, ont déjà mis en place de tels enseignements. De même, l’apprentissage des langues étrangères, notamment via des stages à l’étranger qui ne concernent aujourd’hui que 6 % des étudiants, seraient un plus. « Cela permettrait, notamment pour les étudiants de la filière industrie, de faciliter la mobilité dans un monde du travail aujourd’hui tourné vers l’international », souligne Pierre-Emmanuel Chator.
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