Alors que la loi autorise les pharmaciens à assurer et mettre en place tous les services et équipements nécessaires au MAD, les patients et les familles ignorent trop souvent l’existence de cette compétence officinale. De leur côté, beaucoup de services hospitaliers qui prescrivent ces prestations transmettent directement leurs ordonnances à des grandes sociétés de distribution, sans même demander son avis au patient, placé devant le fait accompli.
Au-delà du non-respect de la loi, constate l’URPS-pharmaciens du Grand Est, ces comportements nuisent au patient, qui se voit souvent livrer du matériel standard par des prestataires très éloignés, qui ne le connaissent pas. « Résultat, on installe un lit dans le salon parce qu’on découvre au dernier moment qu’il n’entre pas dans la chambre, ou on apporte des masques, des déambulateurs ou des fauteuils inadaptés », constatent tous les jours les pharmaciens.
Trois conférences de presse, organisées à Strasbourg, Nancy et Reims, un site Internet dédié, des affiches et des signalétiques dans les officines : les pharmacies de la région se mobilisent pour faire connaître leurs compétences à la population, alors que plus de 60 % des patients ignorent le rôle des pharmaciens en matière de MAD. Plus grave encore, selon une étude menée par la Conférence nationale des URPS Pharmaciens libéraux (CNUPL), près de deux patients sur trois déclarent ne pas avoir reçu l’original de leur ordonnance de sortie, et trois sur quatre disent ne pas avoir eu le choix de leur fournisseur. Pourtant, constate la CNUPL, 90 % des patients se déclarent favorables à une prise en charge par leurs professionnels libéraux locaux à la sortie de l’hôpital, un souhait qui est donc souvent battu en brèche par les transmissions « automatiques » d’ordonnances à d’autres fournisseurs. Le fait « d’oublier » ainsi les pharmaciens, rappelle la CNUPL, ne nuit pas seulement aux patients, mais s’apparente à un véritable « détournement de patientèle », un comportement qui mériterait selon elle des investigations plus poussées. En Alsace, les pharmaciens n’assurent que 20 % de l’ensemble des prestations de MAD, chiffre qui monte toutefois à 80 % dans le domaine de l’orthopédie.
Informer la population
Animant, lundi matin à Strasbourg, la première des trois conférences de presse régionales, Claude Windstein et Jean-François Kuentz, membres alsaciens du bureau de l’URPS, ont mis en avant les compétences des officinaux et la sensibilisation au respect de la réglementation. Eux-mêmes fortement investis dans le MAD, ils incitent aussi le public à ne pas tomber dans les « pièges » commerciaux de certaines sociétés, comme les prix d’appel pour des produits qui se révéleront finalement mal adaptés ou peu performants.
« Les pharmaciens ne peuvent pas faire de publicité individuellement, mais l’Union est compétente pour informer la population », rappelle l’URPS. Au-delà de la documentation, une sympathique mascotte évoquant un pharmacien, « Mady », accueille depuis une semaine les patients dans les officines, afin de stimuler la curiosité des patients. Les pharmaciens du Grand Est espèrent que cette campagne servira d’exemple à d’autres régions, et la présenteront d’ailleurs sur un stand dédié lors du prochain Congrès national des pharmaciens à Montpellier dans quelques semaines.
Site Internet : http://www.lemaintienadomicile.com/
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires