Dossier médical partagé

Le déploiement passera par l’officine

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Publié le 08/11/2018
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L'assurance-maladie signe le lancement officiel du DMP que chaque Français est invité à créer sur le site dmp.fr ou auprès de son pharmacien. Reste à convaincre l’ensemble des professionnels de la nécessité de nourrir, en données patients, ce « carnet de santé électronique ».
autocollant DMP

autocollant DMP
Crédit photo : DR

Avec en ligne de mire 40 millions de DMP d’ici à 2022, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Nicolas Revel, directeur général de l’assurance-maladie, ont fait, le 6 novembre, la promotion du dossier médical partagé (DMP) dont l’assurance maladie s’est vue confier le lancement et la gestion il y a trois ans, après près de quinze ans d’atermoiements.

Nicolas Revel a souligné le rôle actif des pharmaciens dans ce déploiement. Depuis juillet dernier, 300 000 ouvertures ont été enregistrées dans les 8 000 pharmacies habilitées à créer des DMP. « Chaque jour, 100 nouvelles pharmacies s’y mettent et ce sont 80 000 DMP qui ont été ouverts au cours de la semaine dernière. Nous avions besoin de la puissance du réseau officinal pour augmenter le déploiement du DMP », salue Nicolas Revel. Les pharmaciens semblent être les plus réactifs et les plus impliqués, alors que l’ensemble des professionnels de santé est appelé à se joindre au mouvement. À noter que les assurés peuvent également créer eux-mêmes leur DMP « mémoire de leur santé », sur le site dmp.fr, accessible également via une application dédiée* ou encore auprès d’un accueil de leur caisse d’assurance maladie.

Une passerelle DP-DMP

Reste que pour remplir leur mission d’information et de sécurisation du parcours patient, ces DMP devront être alimentés. Depuis le 6 novembre, chaque DMP sera abondé dès le lendemain de son ouverture par des informations de l’assurance-maladie concernant tous les remboursements des deux dernières années. Une mine de renseignements précieuse mais qui ne saurait suffire. Nicolas Revel incite ainsi tous les professionnels de santé à fournir « un travail d’alimentation ».

Si tous sont liés à cette mission par voie conventionnelle, dans la pratique, la réalisation de cette tâche se heurte à des contraintes technologiques (69 % des logiciels métier des médecins sont DMP compatibles) et organisationnelles. Ainsi, comme l’estime Jean-Michel Lemettre, médecin généraliste à Amboise (Indre-et-Loire) trente minutes sont nécessaires à l’exécution du volet de synthèse médicale (VSM) d’un patient en ALD. Cet élément du DMP, dont le contenu a été défini il y a cinq ans par la HAS et l’ACIP, est un pilier du DMP puisqu’il contient des informations aussi essentielles que les antécédents chirurgicaux, les maladies chroniques, les allergies ou encore les traitements de fond. La mise à disposition de ces informations peut même être « d’une importance vitale en situation d’urgence », rappelle le Dr Eric Carpentier, directeur du SAMU 94.

À l’officine, la migration des informations devrait en revanche être plus aisée. Comme se félicite le pharmacien André Géara, une passerelle permet d’enrichir le DMP en informations consistantes sur les prescriptions contenues dans le dossier pharmaceutique (DP). Installé à Tilly-sur-Seulles (Calvados), le titulaire crée actuellement une vingtaine de DMP par jour.

*Téléchargeable gratuitement sur AppStore ou Google play.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3471