LANCÉE il y a six mois, la première année commune aux études de santé (PACES) continue d’essuyer les critiques du monde universitaire. Des critiques exprimées lors de Pharmagora, offrant l’occasion d’un premier bilan de cette réforme qui instaure un concours commun aux futurs médecins, pharmaciens, sages-femmes et dentistes. Premier grief des étudiants en pharmacie, représentés par l’Association nationale des étudiants en pharmacie (ANEPF), les effectifs en enseignements dirigés sont passés de 45 à 175 étudiants en moyenne. « Nous sommes dans des promotions qui ne sont plus à taille humaine », dénonce Florentin Normand, président de l’ANEPF, qui vient d’adresser une lettre ouverte à ce sujet à la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Selon le représentant des étudiants, les objectifs de la réforme ne sont pas tenus. « Le gâchis humain est toujours là », estime t-il, pointant les défaillances sur la réorientation. Surtout, l’association étudiante s’attaque aux programmes surchargés du premier semestre, qui fait grande place aux matières enseignées autrefois en faculté de médecine. « Nous sommes passés d’une année de formation à une année de sélection pure », affirme Florentin Normand.
Baisse du niveau.
La densité des programmes est également critiquée par Dominique Porquet, président de la conférence des doyens des facultés de pharmacie. « La quantité d’informations et de connaissances à acquérir a atteint des proportions délirantes, souligne t-il. Les universitaires ne comprennent pas toujours qu’il faille faire des choix. » Ce constat se traduit notamment par une baisse du niveau des copies aux premières partielles, avec des notes inférieures de 2 à 3 points. « Cela n’est pas sans conséquences sur les capacités de réorientation », indique le représentant des doyens. À la différence des étudiants, il estime que le déficit de formation en première année, sur les matières concernant au plus près la pharmacie, peut être compensé au cours des années ultérieures. « C’est totalement faux de dire le contraire », affirme t-il. Globalement, pour le représentant des doyens, « cette réforme n’est pas pénalisante pour les futurs pharmaciens, mais elle n’apporte pas grand-chose ». En effet, personne ne croyait en l’émergence d’interactions entre futurs professionnels de santé, pourtant l’un des objectifs de la PACES. « C’est une belle utopie », lâche le président de l’ANEPF.
Une désaffection chronique.
Pour remédier à toutes ces difficultés, les étudiants et les doyens réclament des adaptations rapides. Pour Dominique Porquet (qui n’était pas un « partisan absolu » de cette réforme), cela passe notamment par l’instauration d’une pré-sélection à l’entrée des études de santé. Mais il y a urgence. Les étudiants sont de moins en moins nombreux à présenter le concours de pharmacie. Déjà, l’effectif a baissé d’un tiers depuis 2006. Et la réforme n’arrange rien. Au cours de cette première PACES, le choix majoritaire est celui d’une seule filière, au profit des études médicales. Le nombre d’inscrits en pharmacie a perdu 5 points cette année. Au plan national, les inscriptions font qu’il n’y aura pas plus de trois candidats pour un étudiant admis. « C’est vraiment très préoccupant », s’inquiète Dominique Porquet. Une solution : il faut faire connaître plus largement les métiers de la pharmacie. « Même si elle a connu des disparités selon les universités, l’information a été bien diffusée auprès des inscrits », estime le doyen. « La campagne initiée par l’Ordre des pharmaciens a le mérite d’exister, mais elle intervient trop tard », ajoute Florentin Normand. C’est désormais en amont des inscriptions, dans les lycées, qu’il faut promouvoir les études pharmaceutiques. Les représentants des doyens et des étudiants s’engagent à y contribuer, chacun à leur niveau.
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