JC est toujours debout dans le bureau ; il a posé son casque de moto sur un siège, et laissé son manteau par-dessus.
(JC) - Quoi d'autre ?
(Karine) - Du courrier de labo, la banque, et une invitation du syndicat pour une réunion sur le bilan partagé de médication.
(JC) - Oui, sans moi. Je veux bien m'y mettre à leur bilan mais plus tard. J'ai autre chose à faire pour le moment.
Sans prévenir, il se dirige vers la porte, et l'ouvre :
- Julien ? Julien ? Viens par là s'il te plaît.
Julien connaît bien JC. Lui et son père ont fait les quatre cents coups ensemble et ils ne se sont jamais perdus de vue avec les années. Au contraire, les liens se sont renforcés, et ils sont devenus comme deux frères. Mais Julien sait que la relation avec JC sera différente ici, à la pharmacie. Par respect pour le personnel tout d'abord. Et puis parce que c'est dans un contexte professionnel. Julien entre dans le bureau.
- Ça va, tu prends tes repères ? Tu verras, Mme Bertin peut paraître pète-sec mais c'est une chouette femme. Et très marrante en fait ! On dirait pas, hein ?
- Un peu cynique quand même, ajoute Karine.
- Oui mais c'est ça qui est bon. Genre Kristin Scott Thomas dans « 4 mariages et »… oui tu connais pas ce film. Bon, on s'en fout. Tiens voilà des papiers qu'il faut signer pour ton stage. T'en penses quoi, toi, des bilans de médication ?
Julien est surpris ; il n'est pas préparé à cette question. Les profs leur ont parlé de cette nouvelle mission à la fac ; a priori, c'est une belle évolution pour la profession, mais il attendait d'en savoir plus lors de son stage. C'est mal parti, semble-t-il !
Tu n'as qu'à te présenter !
Même s'il connaît JC depuis l'enfance, Julien est un peu intimidé. Et puis, il y a Karine, qui le regarde, attendant sa réponse.
- C'est bien, je trouve ça bien comme projet.
Sa réponse est nulle, et il en est parfaitement conscient. Karine enchaîne :
- C'est plus qu'un projet, c'est une réalité. Nous avons plus ou moins commencé à en faire, enfin j'ai plus ou moins commencé. Tu pourras évidemment m'accompagner lors du prochain. Perso, je pense vraiment que c'est un plus pour les patients chroniques et pour la profession.
- On dirait un syndicat qui parle ! intervient JC sur un ton moqueur.
(Karine) - Et alors ?
- Et alors ? Et alors si les syndicats faisaient quelque chose pour nous, ça se saurait non ?
JC prend à partie Julien, qui lui sourit sans comprendre parfaitement. Toutes ces discussions et ces débats au sein de la profession le dépassent un peu. Pourtant, c'est cela aussi l'objectif du stage, de l'immersion en pharmacie : s'imprégner de l'environnement de l'officine, les syndicats, l'Ordre, les décisions politiques…
- Arrête, tu es dur. Il y a eu beaucoup de choses de faites depuis 7 ans qu'on est installé. Et puis le bilan économique n'est pas si mal. Évidemment, on veut toujours plus mais…
- Mais y en a marre surtout de voir toujours les mêmes têtes : Gaertner, Bonnefond ; Bonnefond, Gaertner. Ils pensent surtout à leurs propres intérêts ceux-là.
- Tu n'as qu'à te présenter !, lance Karine, agacée.
- Ah oui ? Et tu crois que j'ai le temps ?
- Je crois pas que ce soit une question de temps mais plus de volonté. Bonnefond et Gaertner ils sont comme ils sont mais, au moins, ils se dévouent à la profession. Toi, tu te dévoues plus à la voile, c'est ton choix. Bon, c'est pas tout, mais on va peut-être aller faire un peu de comptoir ? Julien, tu viens ?
La discussion sur les syndicats est close, pour le moment. Julien attend depuis le matin d'aller au comptoir, à la rencontre des patients. Il suit Karine.
(À suivre…)
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