Le marché du biosimilaire se développe plutôt bien dans d’autres pays. Pourtant, le droit de substitution y est peu utilisé. Le secret ? Une liberté de prescription plus limitée avec des conséquences financières si les directives ne sont pas respectées ; des incitations, également financières, fortes à la prescription biosimilaire à l’hôpital (souvent le seul endroit où les médicaments biologiques, et donc les biosimilaires, sont délivrés) ; des appels d’offres nationaux ou régionaux réguliers donnant accès à un seul type de médicament (le plus souvent un biosimilaire). La comparaison d’un système de santé à l’autre se révèle ainsi difficile, voire impossible.
« Il existe des pays où il y a un encadrement de la substitution biosimilaire, comme en Australie, où le pharmacien peut substituer à partir d’une liste qui compte quand même une douzaine de molécules, dont par exemple l’adalimumab », explique Luc Besançon*. En Allemagne, la législation doit s’étoffer en 2022 mais, actuellement, la substitution biosimilaire par le pharmacien est limitée aux seuls autobiosimilaires, donc les biosimilaires fabriqués par le laboratoire du médicament d’origine. Le pays mise d’ailleurs principalement sur la prescription biosimilaire, les médecins étant soumis à un montant global à ne pas dépasser pour leurs prescriptions.
D’autres pays, en particulier en Europe de l’est, n’ont pas légiféré sur le sujet et appliquent finalement le droit de substitution générique au biosimilaire, ajoute Luc Besançon. Mais dans les faits, la substitution est limitée puisque la quasi-totalité des médicaments biologiques est dispensée exclusivement à l’hôpital… où la délivrance est limitée à un seul biosimilaire qui peut régulièrement changer au gré des appels d’offres fréquents. Enfin, nombre de pays, notamment nordiques, réalisent des appels d’offres centralisés. Les prescripteurs n’ont donc pas le choix du médicament, ils prescrivent le seul à disposition, disponible uniquement à l’hôpital.
* Délégué général de Nères (ex-AFIPA), Luc Besançon est reconnu pour son expertise internationale de la pharmacie, notamment après avoir occupé le poste de responsable des affaires pharmaceutiques et internationales au Conseil national de l’Ordre national des pharmaciens et celui de directeur général de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP).
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