Le personnel de santé sur place ne ménage pas ses efforts. « Les pharmacies sont devenues des centres de dépistages extrêmement utiles, et l'engagement des officinaux est très fort. Mais un pharmacien ne peut pas se permettre de passer 40 minutes avec un patient au comptoir pour le persuader, sans être certain que cela fonctionne », explique Guillaume Icher, pharmacien et chef de centre de vaccination au centre hospitalier de Cayenne. Se faire vacciner est tabou, au point que certains habitants se font vacciner en cachette pour éviter les jugements et les on-dit.
Car les fake news prospèrent en Guyane, où la défiance de certains Guyanais est forte envers la Métropole depuis le mouvement social de 2017. Le vaccin n'est plus un sujet de santé, mais un sujet politique, joyeusement récupéré par de nombreux syndicats et organisations locales. Ces derniers n’hésitent plus à lancer des campagnes discréditant le personnel de santé, à bloquer l’ARS ou à insulter les renforts sanitaires arrivant à l’aéroport. Difficile donc de convaincre les habitants. En Guyane, la norme sociale c’est d’être non vacciné.
Une cohésion difficile à maintenir
La Guyane est une terre très cosmopolite où vivent de nombreuses communautés. Chacune a ses traditions, sa culture et ses propres remèdes, présentés comme plus efficaces contre le Covid. Leurs chefs font partie intégrante du processus politique, rendant la communication bien difficile. Face aux arguments antivax, les campagnes de communication atteignent leurs limites, et les habitants doivent être convaincus un par un, communauté par communauté, village par village.
Le personnel soignant, bien isolé, n'a, hélas, pas pu compter sur les élus. À l'exception de Georges Patient, sénateur de Guyane et vice-président du Sénat, qui a publiquement appelé la population à se vacciner. « Certains relaient les fake news. Le politique en soi n’a pas vraiment pris place dans l’appel pour la vaccination en Guyane », regrette Guillaume Icher, qui « encourage le personnel politique à prendre ses responsabilités ».
La campagne pour la vaccination a été émaillée d'incidents. « Dans les prises de parole publiques, certains infirmiers avec des responsabilités syndicales appellent à une solution non vaccinale mais médicamenteuse. Du personnel de santé joue contre nous. » Le collectif antivax « La Caravane de la Liberté », avait même menacé les médias, leur reprochant d'être trop pro vaccin, au lieu d'aborder une position plus paritaire.
Du désespoir, mais pas de résignation
L’éventualité de désengagement est toutefois refusée en bloc par les équipes sur place : « Nous nous y refusons. Peu importe, coûte que coûte, je ne me désengagerai pas de cette campagne, je ne céderai pas à des gens qui n’ont pas d’arguments. Se retirer serait un manque de respect pour tous les confrères et les vaccinés. Parfois il y a du désespoir, mais jamais de la résignation. On reste présent. Les menaces ne sont pas un souci et seront traitées par le système judiciaire. C’est hors de question de céder à des gens dont les discours sont assis sur des morts », conclut Guillaume Icher.
D'après une conférence Café Nile.
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