Le rideau de l'officine devrait déjà être baissé. Il est passé 20 heures ce vendredi 19 décembre 1969 lorsqu’à quelques dizaines de mètres de la colonne de la Bastille, boulevard Richard Lenoir, à Paris, un jeune homme pénètre dans la pharmacie de Simone Delaunay. Sans sommation, il tire à bout portant sur la titulaire et sa préparatrice, Janine Aubert. Les deux femmes, âgées de 47 et 37 ans, succombent sur-le-champ aux balles reçues à la tête et dans la poitrine. Un quinquagénaire, client de la pharmacie, est grièvement blessé. Dans sa fuite, l’agresseur atteint d’une balle dans le ventre un gardien de la paix qui tente de l’arrêter sur le terre-plein du boulevard. Huit balles au moins ont été tirées comme en témoignent les douilles de 9 mm retrouvées sur les lieux.
L’enquête conclut rapidement à un crime crapuleux et les soupçons se portent sur un militant d’extrême gauche, Pierre Goldman. Le personnage, mêlant romantisme révolutionnaire – il a suivi les traces du Che jusqu’en Amérique latine - et actes de banditisme, fait l’objet d’une surveillance des services de police. Il sera finalement arrêté en avril 1970. Il a 26 ans. Fasciné par le passé héroïque de ses parents juifs polonais et résistants, il est l’emblème de cette jeunesse d’après-guerre, de ces « années de plomb » marquées à la fois par le poids de la Shoah, le silence pesant de la société et l’édification du communisme. Mais Pierre Goldman est aussi un gangster. Il le revendiquera cinq années plus tard dans le livre « Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France » (Seuil), ouvrage qui lui vaudra le soutien de nombreux intellectuels et artistes de gauche.
« Les sortir de l'oubli »
Mais si lors de son procès, en 1974, il reconnaît un cambriolage et deux braquages dont le vol à main armée, le 4 décembre 1969, dans une pharmacie du 13e arrondissement pour un butin de 2 500 francs, Pierre Goldman nie tout du meurtre des deux pharmaciennes. La cour d'assises de Paris le condamnera néanmoins à perpétuité. L'arrêt de la cour est cependant cassé un an plus tard par la Cour de cassation. Un nouveau procès aux assises de la Somme, en mai 1976, lui donne l’occasion de se défendre brillamment. Une plaidoirie qui fournira 47 années plus tard la trame du film présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes du festival de Cannes. L'accusé sera finalement condamné à douze ans de prison pour les braquages, mais acquitté pour l’attaque sanglante de la pharmacie du boulevard Richard Lenoir. Sa culpabilité n'a pu être prouvée. Et l’affaire reste à ce jour non élucidée. Tout comme l’assassinat, en 1979, de Pierre Goldman lui-même, en plein Paris.
C’est donc par ce film à la mise en scène théâtrale que la lumière rejaillit aujourd'hui sur les deux pharmaciennes, mortes en plein exercice de leur métier. À l’heure où les agressions contre la profession se multiplient, Michel Leroy, pharmacien dans le 5e arrondissement et coprésident de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris (FSPF) souhaite « rendre hommage à ces deux consœurs et les sortir de l'oubli ».
* De Cédric Kahn (France, 1 h 56), avec Ariel Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman.
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