Créées à la fin des années 1990 au sein des centres hospitaliers, les PASS proposent un accueil médical gratuit et un accompagnement social aux personnes sans couverture santé, en attente de droits ou avec une couverture partielle : migrants, personnes en précarité.
Mais leur principale difficulté demeure la dispensation gratuite des produits de santé. Une mission de santé publique qui relève encore trop du sacerdoce et de la débrouille. Jeune pharmacienne assistante, exerçant à l’hôpital Saint-André de Bordeaux, Aurélie Labadie a consacré sa thèse* à la dispensation au sein des 4 PASS de Nouvelle-Aquitaine.
Risque d'abandon de soins
Principal écueil, l’absence de pharmacien et de préparateur dédié aux PASS. En effet, la dispensation est souvent assurée par les pharmaciens ou préparateurs hospitaliers en plus ou pendant leur service, et par les étudiants internes ou externes en pharmacie… à des plages horaires pas toujours adaptées au public précarisé : « L’idéal serait que les patients soient reçus par un pharmacien ou un préparateur juste après leur rendez-vous avec le médecin », reconnaît Aurélie Labadie. Car la moindre difficulté risque d’engendrer des abandons de soins pour des personnes qui ne parlent pas la langue, ont du mal à se repérer et à respecter un horaire. « La PASS de Saint-André dispense 26 ordonnances par jour en moyenne, poursuit Aurélie Labadie. Certaines nécessitent 20 à 30 minutes d’explications, c’est pourquoi la présence dans l’équipe, d’un pharmacien et un préparateur serait très utile. »
Autre difficulté, la barrière de la langue. Les récents conflits ayant jeté sur les routes, Afghans, Syriens, Libyens… qui souvent ne parlent pas anglais et avec qui il est difficile de communiquer, expliquer un traitement « surtout dans le cas d’ordonnances complexes pour des pathologies chroniques », indique Aurélie Labadie qui, avec les autres PASS de Nouvelle-Aquitaine, travaille à l’élaboration d’un système de fiches médicaments à base de dessins et codes couleurs.
Entraide
Enfin, l’approvisionnement des PASS peut poser problème pour les dispositifs de santé. Mais l’entraide, le soutien des laboratoires ou des kinésithérapeutes, et même des dons de patients, permettent de trouver glucomètres, orthèses, pansements…
S’appuyant sur un réseau associatif dense et expérimenté qui repère et oriente les personnes précarisées, les PASS de Bordeaux accueillent de plus en plus de patients : 2 800 visites en 2019, 6 200 en 2022** à la PASS Saint-André : « Notre travail est d’abord une question d’humanité, explique Aurélie Labadie. Quand on voit le parcours de certain(e)s réfugié(e)s ! Si de tels événements nous jetaient sur les routes, nous aimerions pouvoir être soignés. C’est aussi un enjeu de santé publique, car sans soin, ces personnes verront leurs pathologies se développer, leur état s’aggraver et générer des coûts de traitement plus élevés (hospitalisation). »
Quant aux migrants, la santé constitue le premier pas indispensable vers une intégration réussie. Tout comme la mission sociale des PASS qui consiste à remettre les personnes en précarité sur les rails du système de santé.
Mais les menaces qui pèsent, notamment, sur l’avenir de l’AME pourraient faire exploser la file active des PASS et mettre en péril leur fragile équilibre.
* « La dispensation des produits de santé aux patients en situation de précarité : étudier et optimiser la prestation pharmaceutique dans les Permanences d'accès aux soins de santé (PASS) en Nouvelle-Aquitaine » Aurélie Labadie.
** Principales pathologies : affections dentaires, infections hivernales, maladies chroniques (diabète, cardiovasculaires…), addictions, stress post-traumatiques.
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