Initiative d'une CPTS du Finistère

Des outils pour mieux gérer les pénuries

Publié le 08/02/2024
Article réservé aux abonnés

À la CPTS Iroise (Finistère), qui regroupait déjà 220 professionnels de santé fin 2023 dix-huit mois après sa naissance, deux outils ont été créés dans le but de limiter l’impact des tensions sur les médicaments. L’un BtoB, l’autre BtoC. La pharmacienne Carine Amram expose les conditions de leur mise en place.

amran

Crédit photo : FC

Le Quotidien du pharmacien.- Comment l’idée de limiter l’impact des pénuries de médicaments via votre CPTS est-elle venue ?

Carine Amram.- Un groupe de travail a été créé à la suite d’une mission attribuée à la CPTS par l’Agence régionale de santé et la Sécurité sociale rendant obligatoire la rédaction d’un plan de crise sanitaire. Et nous avons pensé que la pénurie des médicaments constituait l’un des risques. De plus, nos quotidiens de prescripteurs et de pharmaciens étaient chargés, du fait de ces pénuries. La communication entre nous devenait compliquée.

Qu’avez-vous mis en place concrètement ?

Nous avons lancé il y a trois mois une lettre d’information intitulée « Perdus de vue » communiquée dans la newsletter mensuelle de la CPTS. Il s’agit d’un tableau composé des molécules en tension. Cette liste est en fait issue des remontées des 27 pharmaciens du territoire, dont une dizaine signale volontairement chaque mois les médicaments qui posent un problème d’approvisionnement.

L’idée est que, sur la base de cette liste, les prescripteurs proposent une alternative, en deuxième intention, sur leurs ordonnances. L’objectif étant d’éviter, pour nous pharmaciens, d’avoir à les solliciter en permanence au téléphone.

cop2

 

Quel outil avez-vous proposé aux patients ?

Nous avons également conçu une affiche, il y a deux mois, destinée à être exposée dans les pharmacies et les cabinets médicaux de manière à susciter le dialogue entre le grand public et les professionnels.

L’objectif est que les patients comprennent pourquoi on a moins de médicaments, se posent plus de questions sur le fonctionnement de la Sécurité sociale… C’est un moyen de dire que si nous voulons conserver notre système de santé, il faut faire attention : ne pas aller au dernier moment à la pharmacie pour un renouvellement, ne pas stocker, faire preuve de civisme, respecter le professionnel de santé qui fait son possible. Nous voulons aussi montrer à la population que nous travaillons main dans la main pour trouver des alternatives.

 

cop1

 

Quels sont aujourd’hui les retours de cette démarche ?

Faire partie de ce groupe de travail m’a permis de mieux communiquer au comptoir et auprès des équipes des pharmacies dans lesquelles je fais des remplacements car il y a beaucoup d’incompréhension à propos des pénuries. Mais aussi de mieux comprendre les enjeux et de mieux accepter la situation.

Grâce au groupe, j’ai par exemple appris que dans notre secteur, nous pharmaciens, pouvons, en dernier recours, appeler le 15 où un médecin régulateur peut nous donner un avis médical. J’ai compris que les médecins ne se rendaient pas compte de ce que les pharmaciens vivaient au quotidien : les appels nombreux, les difficultés pour les commandes nécessitant beaucoup de temps au téléphone, par mail etc. Et nous, pharmaciens, nous ne réalisions pas à quel point le généraliste peut être dans l’embarras quand il doit renouveler des médicaments prescrits par des spécialistes. Chacun comprend désormais mieux l’anxiété de l’autre.

Propos recueillis par Fabienne Colin

Source : Le Quotidien du Pharmacien