Une enquête menée en 2020 par l’Observatoire national des médicaments biosimilaires (ONB) auprès de patients recevant un médicament biologique – d’origine ou biosimilaire – avait dévoilé leur confiance renouvelée en leur pharmacien d’officine. Cependant, ils pointaient de fortes attentes en termes d’accompagnement et les appelaient à améliorer leurs connaissances en matière de médicaments biologiques. Message reçu !
C’est dans ce cadre que l’ONB a conçu, avec les pharmaciens, une charte d’engagement de bonnes pratiques de dispensation des médicaments biosimilaires, signée par une cinquantaine de groupements et soutenue par la Chambre syndicale des groupements et enseignes FEDERGY, représentant au total plus de 17 500 officines. La charte compte sept engagements, dont le premier a pour but de « garantir un niveau de formation et de connaissance élevé des équipes officinales sur les dispositifs, les traitements, l’utilisation et les modes d’administration des médicaments biologiques et biosimilaires, ainsi que les pathologies traitées », quand le deuxième implique que les équipes « soient en capacité de présenter et d’expliquer le fonctionnement des différents dispositifs d’administration ». Les pharmaciens s’engagent aussi à accompagner le patient par le biais d’entretiens individuels d’initiation et de suivi, à lui remettre une documentation complète sur les particularités de son traitement, à garantir la stabilité de la dispensation, le suivi de la délivrance et « la bonne coordination entre les acteurs du parcours » par le biais du dossier pharmaceutique (DP).
Charte d’engagement
Pour répondre à cet objectif de formation, demandé par les patients et assumé dès le premier article de la charte d’engagement, l’ONB codéveloppe un référentiel de formation avec Christine Caminade Conseil, avec pour but de le proposer pour validation au comité scientifique de l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC). « Cette formation, qui s’intéresse à la prise en charge des patients sous biosimilaire, est conçue en prenant en compte les souhaits des patients, des prescripteurs, des praticiens infirmiers, des préparateurs et des pharmaciens. Les principaux axes sont la dispensation avec les explications nécessaires, l’ouverture au conseil associé à bon escient, les recommandations utiles au bon usage et les supports d’information pour améliorer la qualité de vie », détaille Christine Caminade, qui espère que la formation sera opérationnelle au premier trimestre 2022.
À l’initiative d’une étude observationnelle des pratiques officinales dans la substitution biosimilaire fin 2019, le groupement Totum a mis en évidence les capacités du réseau. Les 78 officines participantes, après une mise à niveau de leurs connaissances sur le sujet, ont multiplié par huit le taux de pénétration biosimilaire de l’énoxaparine (Lovenox) deux mois et demi après le début de l’expérimentation, le faisant passer de 4,8 % à 37 %. Et les 409 patients concernés par cette substitution ont fait part de leur satisfaction (98,8 %) quant aux informations et explications délivrées par leur pharmacien.
Site de référence
Malheureusement interrompue par le retrait pur et simple du droit de substitution biosimilaire par la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020, l’expérimentation a mis en évidence la nécessité de formation des confrères à ces délivrances particulières et un manque à combler au plus vite : l’existence d’une base de données de référence sur les médicaments biologiques. Ce à quoi le groupement Totum s’est attelé en créant ce que son président, Mehdi Djilani, espère être « le site de référence sur les biomédicaments pour tous les professionnels de santé », à l’image du site du CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes) développé par l’AP-HP et devenu la référence sur les traitements chez la femme enceinte ou allaitante. Pas encore en ligne, le site bioMedInfo liste les 119 spécialités biologiques disponibles en ville dans huit familles thérapeutiques, classées à la fois par molécule et par indication. « Ce guichet unique digital a été développé en partenariat avec l’agence régionale de santé des Hauts de France, la faculté de pharmacie de Lille et l’OMEDIT comprendra aussi un module de formation en e-learning et un module d’évaluation accessibles à tous », souligne Mehdi Djilani, qui annonce son lancement au premier trimestre 2022.
« Ces outils vont nous rendre crédibles pour continuer à avoir la confiance de nos patients, parce que le spécialiste du médicament c’est le pharmacien. Il est donc urgent que le pharmacien ait le droit de substitution biosimilaire. Après tout, les biosimilaires sont des médicaments comme les autres », souligne la députée et pharmacienne Agnès Firmin Le Bodo, à quelques jours d’avoir entre les mains le PLFSS 2022 et en particulier son article 39 qui prévoit le retour du droit de substitution biosimilaire. Elle promet de défendre l’expertise de l’officine : « Le combat continue ! »
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