La vive opposition de l’Ordre des médecins contre le projet de la SNCF d’installer des « espaces de téléconsultation » dans environ 300 gares, n’est pas partagée par le ministre de la Santé. Ce matin sur France Info, Aurélien Rousseau a affirmé que ces espaces pouvaient être un « outil complémentaire » dans le parcours de soins, alors même que Michel-Edouard Leclerc a annoncé la semaine dernière qu’il envisageait d’en installer dans ses hypermarchés.
Trois jours après l’annonce de la SNCF de son projet d’installer des espaces de téléconsultation dans 300 de ses gares d’ici à 2028, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) lui conseillait en termes choisis de se concentrer sur son métier en améliorant « la desserte ferroviaire des territoires les plus enclavés, véritable enjeu d’attractivité des territoires vis-à-vis de l’installation des professionnels de santé ». Inquiet « quant au développement d’une telle activité commerciale et économique de la santé », au moment où le gouvernement dit vouloir combattre sa financiarisation déjà à l’œuvre, le CNOM y voit « une véritable dérégulation de notre système de santé » qui « consacre de fortes inégalités territoriales d’accès aux soins » et va détourner « des professionnels de santé qui seront ainsi moins disponibles pour exercer dans les territoires les plus vulnérables ».
La SNCF Gares et Connexions, filiale du groupe ferroviaire qui gère les près de 3 000 gares françaises, explique pour sa part qu’elle va déployer des « espaces de télémédecine pour lutter contre les déserts médicaux » en privilégiant les gares « situées dans les zones d'intervention prioritaires (ZIP) et les zones d'aménagement concertées (ZAC), caractérisées par une offre de soins insuffisante et une difficulté d'accès aux soins ». Pour y parvenir, la SNCF a choisi de s’appuyer sur la société Loxamed, qui avait déjà installé des centres de dépistage du Covid sur le parvis des grandes gares françaises fin 2020. Celle-ci installera d’abord des « boxes de 15 m2 sur les parvis des gares », le temps que les travaux nécessaires dans les gares permettent d’accueillir les futurs espaces de télémédecine. La SNCF promet qu’un infirmier diplômé d’État sera toujours présent sur place pour accompagner le patient dans sa consultation à distance « par un médecin exerçant sur le territoire français » et que « le prix sera le même que celui d'une consultation classique de secteur 1 ».
L’idée a immédiatement séduit Michel-Edouard Leclerc. Celui-ci envisage sérieusement la même démarche dans ses hypermarchés et a annoncé qu’il comptait en discuter avec la société Loxamed. Sur les ondes de « Sud Radio » jeudi dernier, il en a aussi profité pour déplorer, une fois de plus, de ne pas pouvoir vendre de médicaments dans ses hypermarchés en France.
Interrogé ce matin dans le 8h30 de « France Info », le ministre de la Santé ne s’est pas montré opposé à ces espaces de télémédecine dans les gares, en précisant que « ce n’est pas une cabine de téléconsultation, ce n’est pas un Photomaton ». À ses yeux, ces boxes pourraient constituer « un outil complémentaire », mais pas « isolé » du parcours de santé, dès lors que le patient est accompagné par un professionnel de santé. Pour autant, Aurélien Rousseau ne donne pas un blanc-seing et appelle la SNCF et Loxamed à « dialoguer sur le parcours de soins » pour « voir où est le médecin traitant dans tout ça ».
Avec l'AFP.
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