Depuis les annonces tapageuses de la GMS sur la mise en vente de masques chirurgicaux dès lundi, les pharmaciens ne décolèrent pas. À l’issue du conseil des ministres de ce matin, Olivier Véran, ministre de la Santé a voulu revenir sur certaines informations, dans l'espoir d'éteindre la polémique.
Olivier Véran parviendra-t-il à calmer la colère des professionnels de santé, et plus particulièrement celle des pharmaciens qui se sentent floués dans la distribution des masques chirurgicaux ? L'exercice est en tout cas difficile tant les professions de santé sont remontées contre les pouvoirs publics dans leur gestion des masques pendant l'épidémie de Covid-19.
Dans un courrier commun rédigé vendredi, les présidents de sept ordres professionnels, dont Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil de l'Ordre national des pharmaciens, expriment leur consternation, mais surtout leur profond dégoût, alors même que se déchaînent les campagnes publicitaires de la grande distribution sur la vente de masques. « 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C’est la surenchère de l’indécence », s'insurgent les représentants ordinaux dénonçant ces « profiteurs de la guerre des masques ». Ils rappellent au détour de leur courrier que faute de moyens de protection des professionnels de santé ont été victimes du Covid-19, « l'heure viendra, de rendre des comptes », déclarent-ils dans une menace à peine voilée.
Pétition et commission d'enquête
Les ordres des professionnels de santé sont loin d’être les seuls à s’offusquer de l’abondance des masques chirurgicaux annoncés par les différentes enseignes de la grande distribution, dès vendredi soir, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) demandait au gouvernement la réquisition des stocks de la GMS. Sur les réseaux sociaux, la grogne monte depuis vendredi, incitant un pharmacien, Philippe Lévy, à lancer une pétition le jour même « pour qu’une enquête soit menée sur le scandale des masques médicaux » comptant pour l’heure plus de 27 000 signatures. C’est aussi ce qui a poussé la sénatrice de Gironde, Nathalie Delattre, à saisir le président du Sénat Gérard Larcher pour qu’il lance une commission d’enquête sur ces « centaines de millions de masques » que la grande distribution annonce détenir.
Y a-t-il un stock caché ?
Un appel du pied notamment relayé aujourd'hui lors des questions des journalistes au ministre de la Santé, Olivier Véran, au sortir du Conseil de ministres : pourquoi l’État n’a pas réquisitionné les stocks de masques des grandes surfaces alors qu’il l'a fait plusieurs fois pour des stocks commandés par des régions ? D’où proviennent ces stocks alors que les pharmaciens font état d’une distribution au compte-gouttes ? Y a-t-il un stock caché ? S’il dit « comprendre l’émotion du monde de la santé », le ministre a insisté sur la différence de chiffres entre les commandes réalisées et les masques effectivement à disposition. « La GMS me dit disposer aujourd’hui de 5 à 10 millions de masques, c’est bien loin des 500 millions de masques annoncés. » Il rappelle que la priorité est désormais d’équiper les Français par « toutes les forces vives de la Nation, les pharmaciens en premier lieu – que je remercie pour leur mobilisation sans faille depuis le premier jour – mais aussi l’État, les collectivités, les entreprises et les commerces ».
Voulant absolument « rassurer », Olivier Véran ajoute que si des manques se faisaient sentir en termes de masques à destination des soignants, des malades ou des personnes vulnérables, il n’hésiterait pas à utiliser le procédé de la réquisition, possible « sur toute quantité de masques supérieure à 5 millions ». Rassurant aussi sur la bonne volonté de la GMS, le ministre de la Santé souligne que la Fédération du commerce a aussi communiqué pour « rappeler qu’elle avait participé à la protection des soignants en mettant à disposition des pharmacies et des hôpitaux un certain nombre de masques lorsque nous faisions face à une grande difficulté d’approvisionnement ».
Amende honorable ?
« Il n’y a pas de stocks cachés », se défend la Fédération du commerce, qui confirme comme Olivier Véran que les chiffres annoncés « concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement ». Par conséquent, réplique la Fédération du commerce, « attribuer les difficultés d’approvisionnement aux enseignes de la grande distribution qui ne sont pas, et n’ont jamais été, en charge de l’achat et de la fourniture de masques pour les soignants, est donc faux et malhonnête ».
La GMS ferait-elle amende honorable ? Dans un courrier adressé ce jour à ses adhérents, Frédéric Abecassis, président du syndicat des pharmaciens de l'Hérault (FSPF) les informe que le groupe Système U Sud propose de rétrocéder tous ses stocks de masques chirurgicaux aux pharmaciens d'officine « qui en auraient besoin pour les professionnels de santé et leurs patients fragiles ». Si cet exemple fait école, les officines feront face à un nouvel afflux de masques en début de semaine prochaine. Ceci d'autant plus que le ministre de la Santé a informé aujourd'hui qu'il annoncerait un déstockage massif de masques chirurgicaux ce week-end à destination des pharmacies.
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