Face à la récente multiplication de denrées contaminées par des bactéries, l’ONG Foodwatch dénonce l’insuffisance de moyens mis à disposition des services de l’État, qui réduit considérablement la surveillance de la chaîne alimentaire.
La grande distribution est dans tous ses états. Après les pizzas Buitoni (Nestlé) contaminées à l’Escherichia coli, les soupçons de salmonelles dans des chocolats Kinder (Ferrero), c’est au tour de fromages de brie et coulommiers de la marque Graindorge (Lactalis) à faire l’objet de rappel pour risque de contamination par Listeria monocytogenes.
Ces alertes se multiplient depuis deux semaines, et mettent en évidence un cruel manque de moyens au sein des organismes sanitaires publics, analyse l’organisation Foodwatch. « On n'arrête pas d'enlever des moyens à ces autorités publiques », dénonce Karine Jacquemart, directrice générale de l'association de défense des consommateurs. Elle indique ainsi que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a subi une baisse de plus de 440 postes sur ces dix dernières années. « C’est scandaleux car c'est une privatisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments », estime-t-elle, affirmant par ailleurs que « le nombre des inspections sur la sécurité sanitaire des aliments a diminué de 33 % entre 2012 et 2019 du côté de la direction générale de l'alimentation ».
Foodwatch demande que les groupes industriels mis en cause rendent des comptes et subissent des sanctions. « Il faut casser le système d'opacité totale. Car d’un côté, les entreprises ont l'obligation de faire des autocontrôles pour s'assurer qu'elles ne commercialisent que des produits non dangereux pour la santé, mais il y a un manque de contrôle des services de l’État de ces autocontrôles », poursuit l’organisation. Des défaillances, voire des scandales, alors que deux enfants ont succombé à une intoxication par Escherichia coli qui aurait pu être évitée, comme le rappelle Foodwatch : « la réglementation sur le papier, au niveau européen, est très forte et indique des responsabilités très claires pour les entreprises, mais elle n’est pas suffisamment appliquée ».
Fin 2017-début 2018, le réseau officinal avait été lui aussi touché par un scandale après la découverte de lots contaminés de laits infantiles de la marque Lactalis. Ce rappel de lots massif avait entre autres conduit la profession, à l’initiative de l’Ordre des pharmaciens, à mettre en place un Haut comité qualité chargé d’instaurer une démarche qualité à l’officine.
Avec l'AFP.
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