Bref panorama de la répartition en métropole
Six acteurs principaux, depuis le rachat de l’OCP par le groupe Phoenix Pharma, se partagent l’essentiel - plus de 96 % - du marché de la répartition dans l’Hexagone : Groupe Phoenix OCP, CERP Rouen, Alliance Healthcare France, CERP Rhin-Rhône Méditerranée, CERP Bretagne Atlantique et Giphar Groupe. Leurs 178 établissements (190 DROM-COM compris) répartis sur tout le territoire livrent quelque 2 milliards de médicaments (chiffres 2022) aux 20 142 officines que compte la France métropolitaine (au 1er janvier 2023). Leur activité, qui consiste à garantir le bon approvisionnement quotidien des pharmacies et donc la délivrance des médicaments et des produits de santé aux patients dans des conditions optimales, relève d’une mission de service public inscrite au Code de la santé publique (CSP). Le grossiste doit ainsi livrer dans les 24 heures toutes les officines présentes dans sa zone de répartition, référencer au moins 90 % des présentations de médicaments et disposer d’un stock garantissant deux semaines d’approvisionnement. Évaluée à 2,3 % du prix public du médicament (soit 0,61 euro, en moyenne, par boîte), leur prestation qui intègre l’approvisionnement, le stockage, la préparation de la commande et la livraison, est de plus en plus conditionnée aux tensions qui pèsent sur les stocks de médicaments. Pour faire face aux menaces de ruptures, les répartiteurs, sous la supervision de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), mettent en place des dispositifs destinés à éviter les pratiques de surstockage, qui amplifient l’effet de rupture, et à répartir au mieux les quantités entre les officines françaises. Par ailleurs, « pour avoir une meilleure vision de la dynamique des ruptures, la profession a développé l’Observatoire de la disponibilité des médicaments qui permet d’objectiver le niveau de disponibilité dans les agences de répartition », précise la CSRP*.
Une facture intelligible, des conditions commerciales transparentes
Moins que le niveau des remises, impacté par la baisse des marges que subissent les grossistes, c’est la transparence de la politique commerciale qui constitue un point de vigilance pour l’officine. Conditions commerciales obscures, remises revues à la baisse, voire non payées, délais de paiement sont parfois dénoncés sur le circuit. Or, le pharmacien a besoin de lisibilité, il doit pouvoir retrouver facilement ses commandes, les taux de remises accordées par famille de produits et leur mode de calcul. À noter que selon le code de la Sécurité sociale, les remises et avantages commerciaux accordés aux pharmaciens sont plafonnés à 2,5 % du prix fabricant, 40 % pour les génériques.
Fiabilité et qualité de la livraison
Si le grossiste a pour mission d’approvisionner l’officine en médicaments et produits de santé, l’officine est en droit d’attendre de lui un certain niveau de qualité et de fiabilité des livraisons. Les caisses arrivent scellées à l’officine et doivent être vérifiées à réception. Tous les produits commandés doivent être livrés sans erreur de préparation sachant qu’il relève de la responsabilité du pharmacien responsable de veiller à ce que les conditions de transport garantissent la bonne conservation, l’intégrité et la sécurité des médicaments (articles R 5124-36 et R 5124-48 du CSP). Les produits issus de la chaîne du froid font l’objet de conditions de transport spécifiques comme le précisent les bonnes pratiques de distribution de médicaments à usage humain (BPDG) : « Certains produits tels que (…) les médicaments thermosensibles nécessitent des conditions spéciales de transport (conteneur, emballage, étiquetage spécifique et le cas échéant un véhicule à température dirigée). » Quant à la fréquence de livraison, elle tend à se réduire à une tournée quotidienne dont l’horaire de passage peut être respecté de façon précise. À noter qu’une erreur de commande peut être retournée au grossiste sauf s’il s’agit d’un médicament dérivé du sang ou d’un produit de la chaîne du froid.
La bonne collection
L’officine doit pouvoir trouver un maximum des références de sa commande dans le stock du grossiste. Il peut ainsi considérer que 90 % des présentations pharmaceutiques – médicaments et dispositifs médicaux - doivent figurer dans le catalogue produits du répartiteur. Les génériqueurs qui y seront référencés pourront également orienter le choix de l’officine quant à son futur grossiste. La sélection des produits de parapharmacie dépendra, pour sa part, plus fréquemment du groupement partenaire et des fabricants.
Commande à distance
Pouvoir passer sa commande facilement, sur le site du répartiteur ou le site de commande en ligne Pharma ML, est indispensable à l’officine. Le catalogue doit être rapidement accessible, l’information clairement présentée, les offres permanentes ou ponctuelles bien indiquées et toutes les données liées à la commande - disponibilité des produits, devis, heure de livraison, conditions de règlement – facilement consultables. Si le site permet d’éditer des informations scientifiques à distribuer aux patients, c’est un avantage. Une attention particulière doit être portée au service client du répartiteur, à sa disponibilité, sa réactivité, certains numéros d’appel étant surtaxés.
Services annexes
Quantité de services sont aujourd’hui proposés aux officines par les grossistes : aide au développement de prestations comme le MAD, l’oxygénothérapie ou la PDA, formation aux équipes, géomarketing, équipement informatique, aide à la communication, conseil en gestion financière et même prestation bancaire… Autant d’éléments à prendre en compte au moment de choisir son grossiste.
*Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique
(Sujet réalisé en collaboration avec Alain Berthaud, président du laboratoire Pharma Conseils et éditeur du Panorama de la distribution française/Observatoire LPC)
Repères
- Six acteurs principaux se partagent l’essentiel du marché de la répartition dans l’hexagone.
- Leur activité relève d’une mission de service public inscrite au Code de la santé publique (CSP) : le grossiste doit livrer dans les 24 heures toutes les officines présentes dans sa zone de répartition, référencer au moins 90 % des présentations de médicaments et disposer d’un stock garantissant deux semaines d’approvisionnement.
- Pour avoir une meilleure vision de la dynamique des ruptures, les répartiteurs ont développé l’Observatoire de la disponibilité des médicaments.
- Moins que le niveau des remises, c’est la transparence de la politique commerciale du grossiste qui constitue un point de vigilance pour l’officine.
- L’officine est en droit d’attendre du répartiteur un certain niveau de qualité et de fiabilité des livraisons.
- L’officine doit pouvoir trouver un maximum des références de sa commande dans le stock du grossiste.
- Pouvoir passer sa commande facilement sur le site du répartiteur est indispensable à l’officine. Une attention particulière doit être portée au service client, à sa disponibilité, sa réactivité.
- Différents services sont aujourd’hui proposés aux officines par les grossistes.
Sondage
96 % des pharmaciens n’ont pas l’intention de changer de grossiste dans les mois qui viennent.
(Selon une enquête CallMediCall/« Le Quotidien du Pharmacien » réalisée du 19 février 2024 au 13 mars 2024)
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