Le Quotidien du pharmacien .- Quelles règles les pharmaciens qui proposent la téléconsultation et veulent communiquer sur ce service doivent-ils respecter ?
Claude Marodon .- Le Code de déontologie n’a pas été actualisé depuis environ 20 ans et ne mentionne donc pas spécifiquement la téléconsultation, S’il veut communiquer sur ce service, le pharmacien doit donc respecter les principes fondamentaux, le faire avec tact et mesure, sans tromper le patient et de manière confraternelle. La téléconsultation est un dispositif légal, qui présente des avantages et aussi des limites. Récemment, j’ai connu le cas d’une officine équipée d’une cabine de téléconsultation et qui faisait de la publicité en disant “un médecin consulte dans la pharmacie”. Là, nous sommes sur un cas de communication déloyale envers les autres professionnels de santé et trompeuse pour le patient. Informer sur la présence d’une cabine, notamment quand on est installé dans un territoire isolé qui manque de médecins, c’est légitime et même nécessaire. En revanche, ce n’est pas le cas si l’on a autour de soi d’autres pharmacies et plusieurs cabinets médicaux. Avant de proposer la téléconsultation et de communiquer autour de ce service, le pharmacien doit prendre en compte l’environnement qu’il a autour de lui.
Ce n’est donc pas interdit ?
Non, on reste sur des règles d’appréciation. À l’heure actuelle, ce que le pharmacien doit faire c’est être transparent vis-à-vis de ses patients. Ne pas faire l’apologie de la téléconsultation en faisant croire que cela remplace réellement un médecin. Rester dans l’information et ne pas tomber dans la publicité. S’il communique sur ce service pour attirer des patients, le pharmacien s’exposera à des plaintes venant de ses confrères ou d’autres professionnels de santé.
Quelle est votre position sur le fait que des pharmaciens proposant la téléconsultation soient référencés sur des plateformes comme Doctolib ?
Aujourd’hui, aucun texte ordinal n’interdit de manière claire cette pratique. Cela dit, je considère, à titre personnel, que cela ne devrait pas pouvoir se faire car cela va contre le libre choix du patient. Quand ce dernier se rend sur une plateforme comme Doctolib et qu’il se voit proposer des pharmacies en priorité c’est un peu comme s’il trouvait dans la salle d’attente d’un cabinet médical des publicités l’invitant à se rendre ensuite dans telle ou telle officine. Être référencé sur Doctolib, ce n’est pas de la “publicité passive”, ce n’est pas une information que le patient découvre par lui-même. Lorsqu’il signe un contrat, le pharmacien accepte ce qu’il y a dedans, notamment le fonctionnement de la plateforme. Si des médecins se plaignent parce qu’un pharmacien est mieux référencé qu’eux et qu’ils jugent cela déloyal, l’officinal peut être tenu pour responsable. Après toute signature de contrat, une copie doit par ailleurs être envoyée à l’Ordre, qui vérifiera ensuite si cela ne remet pas en cause l’indépendance du pharmacien. Or, en acceptant d’être référencé par une plateforme, on peut considérer que l’officinal devient presque l’un de ses prestataires.
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