Entre janvier et la mi-octobre, 465 signalements d'agressions ou de cambriolages ont été transmis au Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), contre « seulement » 303 au cours de toute l'année 2019. L'augmentation du nombre de cambriolages est particulièrement impressionnante cette année en Ile-de-France.
Ainsi, lors de la deuxième quinzaine de mars, au début du confinement, « le nombre de cambriolages a été multiplié par 6 en Ile-de-France par rapport à la même période l'année précédente, les agressions verbales et physiques avaient, elles, triplé durant ce laps de temps », précise Alain Marcillac, référent sécurité du CNOP. « À cette époque-là, les officines et les commerces de bouche étaient les seuls encore ouverts, donc les voleurs se sont adaptés ». Par rapport à 2019, les cambriolages de pharmacies auraient augmenté de plus de 200 % à Paris et dans la petite couronne, et le nombre d'interpellations de voleurs d'officines a, lui, bondi de plus de 300 %, selon les statistiques de la police. Globalement, le nombre de signalements reçus par l'Ordre, via le formulaire prévu à cet effet, est en hausse dans l'ensemble de la France métropolitaine et dans les territoires d'Outre-mer. Bien qu'élevés, les chiffres collectés par l'Ordre « ne reflètent pas la réalité du terrain », car ils ne sont évidemment pas exhaustifs, comme le souligne Alain Marcillac.
Des « clusters » de cambriolages, selon l'expression d'Alain Marcillac, ont été observés à différents moments de l'année dans certains départements comme la Seine-Saint-Denis, l'Oise ou encore l'Hérault. « Le mode opératoire est désormais bien connu, précise le référent sécurité du CNOP. Si on prend l'exemple de l'Oise, les malfaiteurs se rendent la plupart du temps dans les villes situées au terminus des lignes de train. Ils arrivent le soir avec le dernier train et repartent avec le premier le lendemain matin. Dans ce département, la police ferroviaire effectue désormais des patrouilles à ces moments-là », précise Alain Marcillac. Délaissant les médicaments, c'est avec les quelques euros présents dans le fond de caisse que les voleurs repartent dans l'immense majorité des cas. Le pied-de-biche et le cric sont les deux outils privilégiés pour forcer le rideau métallique. « Ce que l'on veut dire en priorité aux pharmaciens : c'est que, désormais, il doit y avoir 0 euro dans la caisse le soir. Il faut un vrai changement de mentalité sur ce point. »
Le CNOP travaille en lien étroit avec les préfectures de police et les gendarmeries, pour informer les officinaux et les aider à lutter contre ce fléau. Un diagnostic de sécurité peut ainsi être proposé, gracieusement, par un référent sécurité de la police ou de la gendarmerie. Des formations, en lien avec le ministère de l'Intérieur, seront également proposées aux référents sécurité ordinaux dans le courant de l'année prochaine.
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