Ce matin, le ministère de la Santé et l’assurance-maladie ont réuni les représentants des associations de patients, des médecins et des pharmaciens (notamment syndicats, Ordre, groupements) pour présenter leur stratégie afin de favoriser l’utilisation des biosimilaires. Si des dispositifs avec l’hôpital et les médecins sont déjà entérinés, rien n’est encore arrêté pour les pharmaciens… à deux semaines de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022.
Il s’agissait ce matin de la dernière réunion de concertation avec l’ensemble des parties prenantes, selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), avant que leur soit officiellement présenté, le 24 septembre, le PLFSS 2022. Or le projet de loi doit inclure un dispositif de substitution biosimilaire. Actuellement, deux dispositifs sont en place. Le premier, incitant à la prescription hospitalière, va passer de l’état d’expérimentation à la généralisation. « Pour ce dispositif, précise Philippe Besset, nous avons demandé de vérifier que sur l’ordonnance de sortie figure bien le médicament interchangé qui a été reçu par le patient à l’hôpital, et non, comme cela s’est vu, le médicament de référence. » Le second est issu de l’avenant 9 à la convention médicale, signée le 30 juillet dernier, qui liste notamment la liste des spécialités biologiques pouvant faire l’objet d’une interchangeabilité par le médecin à compter du 1er janvier 2022 : Enbrel, Humira, Forsteo, Gonal-F, Lovenox et insuline asparte.
Ce matin, le ministère de la Santé a donné quelques précisions quant au futur dispositif pour la substitution biosimilaire. Sans remporter l’adhésion des représentants des pharmaciens. « Le problème est qu’il y aurait une liste de molécules pour l’interchangeabilité des médecins et une liste de molécules pour la substitution des pharmaciens, sans chevauchement entre les deux listes. Or, la liste des médecins a été validée par la signature de l’avenant 9 à leur convention, nous sommes mis sur le fait accompli : ces médicaments sont de fait hors champ de substitution par le pharmacien », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
« Je comprends la finalité de ces deux listes qui facilitent la traçabilité pour la rémunération des médecins d’une part et des pharmaciens d’autre part, ajoute-t-il, mais c’est une mauvaise idée car cela nous monte les uns contre les autres au lieu de nous faire travailler ensemble. » La liste de molécules pour substitution par le pharmacien doit encore être validée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). L’USPO propose d’oublier les listes de molécules au profit d’un partage des missions : le médecin prend la décision thérapeutique et s’assure de l’adhésion du patient, le pharmacien choisit le médicament en accord avec le patient et se charge de l’éducation thérapeutique.
De son côté, Philippe Besset estime que la réunion a été constructive, « dans un esprit de travail en commun » même s’il est compliqué d’arriver à un consensus avec autant d’acteurs différents. « La FSPF a d’abord demandé que la marge biosimilaire soit égale à la marge princeps, comme cela se fait pour le générique, sinon ce serait une punition pour le pharmacien puisqu’il gagnerait moins lors d’une prescription de biosimilaire. » Une demande qui a été soutenue par les médecins et les patients. Qui se sont en revanche opposés à l’idée de laisser au pharmacien le choix de la marque du médicament biologique à délivrer. C’est pourquoi la FSPF a proposé une autre piste : l’extension des missions du pharmacien correspondant. « Le patient qui reçoit un médicament biologique peut désigner son pharmacien correspondant. Le médicament biologique est alors défini après dialogue entre le médecin et le pharmacien. Cette idée a été soutenue par les associations de patients et favorablement accueillie par le conseiller du ministre. » Philippe Besset attend de voir si elle a été retenue dans le futur PLFSS.
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