Le président de l'URPS Île-de-France, Renaud Nadjahi, en est convaincu, la profession va devoir accélérer dans sa transformation, « au-delà du comptoir ». À l'image de Dany Ros, pharmacien diplômé en France et désormais pharmacien en pratique clinique avancée à Torquay, dans le Devon.
Il est l'un des pionniers de ce mouvement insufflé depuis une dizaine d'années par la NHS à un système de santé en proie à la réduction du temps médical. « Face à la désertification, les responsables politiques se sont rendu compte qu'ils devaient recourir à des cliniciens. Or qui mieux que le pharmacien peut répondre à cette demande ? », retrace Dany Ros. Initialement pharmacien dans une officine de la chaîne Boots, il a suivi quelques études complémentaires lui permettant le passage de l'officine à la pratique clinique. Moyennant un DU en examen clinique, en auscultation respiratoire, cardiaque et neurologique et en pharmacie en pratique clinique avancée, le pharmacien est habilité à suivre des patients chroniques (asthme/BPCO, diabète, maladies cardiovasculaires, dépression, douleurs chroniques, thyroïde) au sein d'un cabinet médical comprenant 5 médecins généralistes, deux pharmaciens, une préparatrice ainsi que quatre infirmières dont une IPA (infirmière en pratique avancée).
Pas de dispensation
Des créneaux sont réservés chaque jour dans l’emploi du temps du pharmacien pour des consultations téléphoniques. « Il s'agit alors d'adapter les traitements en raison d'effets secondaires, de problèmes de déglutition, parce que les objectifs en termes de bénéfice ne sont pas atteints ou encore parce que le médicament est en rupture à la pharmacie ! », décrit-il, se félicitant d'exploiter à la fois la formation scientifique et médicale du pharmacien. Dany Ros reçoit également les appels d'infirmiers l’alertant sur des interactions médicamenteuses chez la personne âgée, ou pour un INR.
Mais le pharmacien est également habilité à diagnostiquer, à prescrire des analyses biologiques, des bilans sanguins, ECG, radios et scans, ainsi que des tests diagnostics. C'est ainsi qu'un médecin peut lui demander de formaliser un diagnostic en insuffisance cardiaque pour un patient essoufflé. Une infirmière peut lui adresser un patient pour un examen cardiovasculaire différentiel en raison d'une HTA anormalement élevée. « À chaque fois qu'une infirmière rencontre une anomalie, elle me demande un suivi. Je peux revoir le patient autant que je le souhaite », précise le pharmacien. Il insiste sur le fait que, « au sein de notre cabinet, les rôles ne sont pas en compétition, nous exerçons en complémentarité ». Aussi, le pharmacien prescrit selon des arbres décisionnels et en fonction de protocoles internationalement reconnus, « mais, on évite de prescrire et de dispenser en même temps. En général, on demande au patient d'aller voir un confrère ».
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