Constituant désormais 20 % du chiffre d’affaires du médicament remboursable, les médicaments vendus à plus de 150 euros prennent le pas sur l’activité de l’officine, selon Joël Lecoeur, expert-comptable du réseau CGP, qui alerte sur une possible baisse de la marge en valeur en fin d’année.
Évoquées en marge de la thématique « Urgences et officine » des amphis de l’officine organisés pour la troisième fois ce matin par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), les premières statistiques comptables inquiètent la profession.
Comme en 2020 et lors des deux années précédentes, l’activité du médicament remboursable est en hausse. Expert-comptable, dirigeant du cabinet LLA et président du réseau CGP, Joël Lecoeur relève ainsi au cours des cinq premiers mois, sur un échantillon de 650 pharmacies, une hausse de 4,17 % du chiffre d’affaires global, et même de 5,68 % sur les ventes de médicaments. Cette poussée est particulièrement provoquée par une augmentation de 8,43 % dans la catégorie des produits de TVA à 5,5 % (masques, gels…) mais surtout par une progression de 7,45 % des médicaments dont le prix excède 150 euros (deux dernières tranches de la MDL).
Des médicaments chers qui prennent le relais alors que le nombre de vente à la boîte continue de chuter, ce qui se traduit par une baisse de 9,7 % des honoraires de dispensation. Or pointe l’expert-comptable, « quand l’honoraire diminue, c’est la marge qui se réduit ! ». Une tendance plus qu’inquiétante puisque, dans ces conditions, analyse-t-il, on peut s’attendre à une baisse de la marge en valeur à la fin de l’année.
Deuxième tendance signalée par l’expert-comptable, le réseau officinal sort de la période Covid, les patients renouant avec leurs anciennes habitudes. Ainsi, l’activité des pharmacies des gros bourgs, des zones urbaines et des centres commerciaux progresse respectivement de 4,52 %, 4,20 % et 3,13 % tandis que le chiffre d’affaires de la pharmacie rurale, qui avait profité de l’effet « proximité » pendant la crise, ne progresse que de 2,61 %.
La FSPF, dont les statistiques corroborent globalement ces évolutions, voit dans ces chiffres l’urgence d’enrayer la tendance. « Nous allons devoir redéfinir, dès cet automne lors de l’ouverture des négociations conventionnelles, une nouvelle trajectoire pour l’économie officinale des cinq ans à venir. Il n’est plus possible que la pharmacie subisse les évolutions d’un marché du médicament marqué par une baisse du nombre de produits délivrés et par une hausse des médicaments très chers, très complexes mais peu rémunérateurs. L’activité traditionnelle de l’officine n’est plus correctement rémunérée pour faire vivre 150 000 personnes », a déploré Philippe Besset.
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