Publiée samedi dans la presse régionale, une interview de Gabriel Attal annonce, outre la prescription d’antibiotiques par les pharmaciens dans la cystite et l’angine, des mesures pour réformer l’accès aux soins via d’autres professionnels de santé.
Des mesures qui ne feront l’unanimité ni auprès des médecins, ni auprès des patients. Dans une interview accordée à la presse régionale, le Premier ministre annonce, outre la prescription d’antibiotiques par les pharmaciens dans la cystite et l’angine, une série d’autres mesures susceptibles d’attiser la grogne du corps médical. À l’avenir, les officinaux ne seront en effet pas les seuls à proposer directement dépistage et prescription aux patients souffrant d’angine ou de cystite. Dans 13 départements, les masseurs-kinésithérapeutes vont aussi pouvoir expérimenter l’accès direct. Cette petite révolution dans notre système de santé avait déjà été annoncée dans le cadre de la loi Rist. Nouveauté cependant, puisque le gouvernement va étendre ce concept aux médecins spécialistes. Plus besoin par conséquent dans ces territoires de passer au préalable par la case « médecin généraliste », indique le gouvernement qui fait décidément machine arrière sur le parcours de soins coordonnés.
Une autre annonce nourrit la colère des syndicats de médecins mais pourra sans doute réconforter les pharmaciens qui se sentiront moins seuls lorsqu’ils seront de garde. Aujourd'hui, 5 % des territoires n’étant pas couverts en garde médicale, le gouvernement souhaite accorder une aide financière à tout médecin qui accepterait d’être temporairement de garde en dehors de sa zone. « Ceci afin de permettre à tout Français d’avoir accès à un médecin de garde à moins de 30 minutes de chez lui. » Si cette mesure répond à un souci d’équité dans l’accès aux soins de la population, une autre en revanche risque de provoquer la colère des patients et de tendre les relations avec leur médecin. Celui-ci pourra en effet prélever, au travers de la fameuse « taxe lapin », une amende de cinq euros à tout patient qui n’honorera pas son rendez-vous médical ou l’annulera moins de 24 heures à l’avance. La somme pourra être retenue via l'empreinte bancaire par les plateformes de prise de rendez-vous ou par le médecin lui-même, qui restera libre cependant de l’appliquer ou non. D’après le chef du gouvernement, cette mesure sera examinée rapidement par le Parlement pour une entrée en vigueur l’année prochaine. Elle pourrait permettre de récupérer 15 à 20 millions de créneaux médicaux par an.
Les syndicats de médecin n’ont pas manqué de réagir à ces multiples annonces, dénonçant des courts-circuits à tous les niveaux. Dans les négociations conventionnelles en cours tout d’abord. « Cela vient déconstruire notre travail », déplore Agnès Giannotti, présidente de MG France (médecins généralistes), ajoutant que l’accès direct aux spécialistes ne réglerait rien car ils « manquent partout ». Ceux-ci sont d’ailleurs à l’origine de la récente suspension des négociations avec l’assurance-maladie.
Délégation de tâches à d’autres professionnels de santé et revalorisation insuffisante du tarif de la consultation sont, d’ailleurs, les principales pommes de discorde avec l’assurance-maladie. Sur le chapitre de la rémunération, Franck Devulder, président du syndicat CSMF, s’est dit choqué à l'idée d’un accès direct à des psychologues rémunérés 50 euros « alors que seulement 30 euros sont proposés pour la consultation de base des généralistes ». Gabriel Attal a en effet annoncé vouloir renforcer le dispositif « Mon Soutien psy », en remboursant douze consultations par an au lieu de huit, au tarif de 50 euros contre 30 euros actuellement.
Hormis ces annonces visant à reconquérir du temps médical dans l’urgence, le gouvernement investit sur le long terme en multipliant le nombre de places en études de médecine d’ici à la fin de la décennie. Par ce dispositif de numerus apertus, le nombre d’étudiants en deuxième année sera de 12 000 en 2025, puis de 16 000 en 2027, contre 10 800 en 2023. Cependant, cette réforme ne portera réellement ses fruits sur la densité médicale que dans dix ans.
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