Portrait

Éric Puyhaubert « fait lire » la peinture

Par
Publié le 20/11/2020
Article réservé aux abonnés
Comprendre permet d'aimer, affirme le pharmacien de Romilly-sur-Andelle, guide conférencier des Impressionnistes en terre normande.
Et aux pieds de la pharmacie d'Eric Puyhaubert, coule l'Andelle, toute chargée d'histoire et de culture...

Et aux pieds de la pharmacie d'Eric Puyhaubert, coule l'Andelle, toute chargée d'histoire et de culture...
Crédit photo : jgravend

Éric Puyhaubert est arrivé à la peinture… par le bois ! La maison de ses parents était pleine de peintures, ils étaient un peu « peintres du dimanche », et lui-même a pris des cours de peinture étant enfant. Mais il se dit passionné de « lire » une armoire normande. Il se souvient avoir lu « centimètre par centimètre » les sculptures de son premier meuble de jeune marié, une armoire normande.

« Je suis arrivé à la peinture par le bois, explique le pharmacien de Romilly-sur-Andelle (Eure), mais quand on « regarde » la peinture, on est cuit ! » De cette passion pour la peinture, Éric Puyhaubert en a fait presque un second métier : membre du bureau de l'Association des amis de l'École de Rouen, guide et conférencier. Existe-t-il une différence entre l'École de Rouen et l'Impressionnisme ? « Aucune », répond-il immédiatement. L'École de Rouen comprend deux générations de peintres normands de la seconde moitié du XIXe siècle, parmi les plus grands : Pissarro, Delattre, Monet, Ingres, Angrand, Seurat, et bien d'autres.

Éric Puyhaubert a commencé son « apprentissage » à la bibliothèque municipale : « feuilleter des livres, le grand plaisir du dimanche matin ». Il a aussi suivi les cours d'art, à l'école de formation de l'Hôtel des ventes Drouot, de Paris. La peinture, comme le bois, se « lit », elle est « intellectuelle », affirme le guide conférencier. « J'aime bien une belle écriture, j'aime qu'on écrive bien, qu'on recherche « le » mot. La peinture doit être comprise, plutôt qu'appréhendée. Pourquoi un tableau semble-t-il calme, quelle est sa profondeur, comment comprendre ce qui est creux, les temps. La sensation première est un dilemme, mais comprendre permet d'aimer. Beaucoup d'enfants, quand ils viennent au musée, ont un regard très curieux, ils posent des questions, cherchent à comprendre. »

Les peintres normands, les Impressionnistes, ont suivi la Seine, depuis Argenteuil ou Gennevilliers, près de Paris, jusqu'à Sainte-Adresse, près du Havre. « À cause du train ! », précise Éric Puyhaubert, la « Bête Humaine », celle Zola, a aménagé le fleuve dans ce siècle.

L'Association des Amis de l'École de Rouen a été créée en 2004 pour défendre l'art. Le pharmacien de Romilly-sur-Andelle a adhéré en 2005, et est entré au bureau. Les Amis sont maintenant 280 à vouloir faire connaître « leurs » peintres, tous de la seconde moitié du XIXe siècle.

L'association possède un petit fonds de peintures, et surtout un carnet d'adresses de collectionneurs, ce qui lui permet d'organiser des expositions temporaires, souvent dans des musées. Éric Puyhaubert y fait des visites commentées.

La Normandie ne semblait pas si reconnaissante aux Impressionnistes de l'avoir si souvent peinte, et avec quel talent. En 2010, les Amis de L'École de Rouen ont trouvé un formidable relais avec la création par Pierre Bergé, patron d’Yves Saint-Laurent, du Festival Normandie impressionniste. Ce festival a lieu tous les trois ou quatre ans, une quantité de manifestations en Normandie, sur l'Impressionnisme. Mais si Pierre Bergé était le mécène, le « patron » est bien Laurent Fabius, ancien élu normand, ancien Premier ministre, président du Conseil constitutionnel, et féru d'art et de culture. « On a la chance de l'avoir, s'enthousiasme Éric Puyhaubert. Fabius est fondu d'art, et quand il en parle, il a les yeux qui pétillent. On voit qu'il aime cela ! »

Un autoportrait du pharmacien de Romilly-sur-Andelle ?

Jacques Gravend

Source : Le Quotidien du Pharmacien