Interrogés par le site du « Quotidien du pharmacien », sur un éventuel confinement des non-vaccinés, deux pharmaciens sur trois approuveraient cette mesure, prise en novembre par l'Autriche pour être ensuite abandonnée.
Sur le front du Covid depuis bientôt deux ans, les pharmaciens ont peu de compréhension pour les réfractaires à la vaccination. Certains évoquent leur lassitude face à ceux qu'ils dénomment ironiquement « ces défenseurs de la liberté » et appellent à la responsabilisation des antivax, quitte à ce qu'ils prennent en charge, eux-mêmes, leurs frais de soins en cas de Covid. « Il existe un moyen de prévention, il est refusé, normal de ne pas être solidaire, désolé mais il faut assumer jusqu’à bout ses actes, et ses convictions », argumente Guillaume B., en référence à l'inflexion des assurances « en cas de cambriolage avec porte restée ouverte ou accident de voiture sans ceinture, sous emprise d'alcool… ». Une position qui suscite échanges parmi les internautes et réflexion sur le principe de la responsabilisation des patients.
Convaincre ou contraindre
Mais aujourd'hui, face au rebond épidémique et à la menace d'un nouveau variant, le débat s'élargit à l'obligation vaccinale. Des pays comme l'Autriche y recourront dès février, tandis que le nouveau gouvernement allemand soumettra cette question au parlement d'ici à la fin de l'année. Quant à la Grèce, elle envisage de mettre à l'amende toute personne âgée de plus de 60 ans qui ne s'y plierait pas. Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, s'est engouffrée dans la brèche, invitant les 27 pays membres à entamer des discussions sur le sujet.
En France, les avis sont plus nuancés. Car, comme en Espagne et au Portugal, la couverture vaccinale n'a rien de comparable avec les scores péniblement atteints par l'Allemagne et l'Autriche. C'est le principal argument invoqué par Paris qui se refuse à prendre une telle mesure à quatre mois de l'élection présidentielle, alors même que l'obligation vaccinale des soignants enflamme les Antilles. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a confirmé, jeudi, l'opposition de l'exécutif, rappelant que, contrairement à d'autres pays, le choix de la France a été de prendre des mesures très précoces en matière de passe sanitaire et d'accélération de la vaccination.
Si elle venait à changer de stratégie, la France imposerait-elle une telle mesure par voie législative, comme ses voisins européens ? Une tentative a été amorcée à la fin de l'été par le groupe socialiste du Sénat. Mais la proposition de loi « instaurant la vaccination obligatoire contre le SARS-CoV-2 » n'avait pas franchi les portes du Palais Bourbon, par une écrasante majorité en séance publique le 13 octobre. Le gouvernement lui-même s'y est déclaré défavorable, à l'époque, par la voix d'Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des familles. « Nous préférons convaincre que contraindre », a-t-il déclaré. Mais c'était bien avant l'émergence de la cinquième vague et du variant Omicron.