Les cancers ORL (de la tête et du cou), dont la moitié n’est pas liée au papillomavirus humain (HPV), touchent 15 000 personnes par an en France. Dans 70 % des cas, ces cancers sont diagnostiqués à un stade avancé, ce qui diminue considérablement les chances de guérison. Ils se caractérisent aussi par un risque élevé de récidive : un patient sur deux risque une rechute locale ou sous forme métastatique dans les trois ans.
L’une des études est internationale* et inclut vingt-deux patients en France, dont quinze à Toulouse. « À ce jour, dix patients ont déjà reçu le vaccin. Pour six d’entre eux, nous disposons de 18 mois de recul et aucun n’a récidivé. Grâce à ce vaccin thérapeutique qui s’appuie sur l’immunothérapie, nous touchons du doigt l’espoir non seulement de soigner les gens, mais bientôt de les guérir », avance le Pr Jean-Pierre Delord, directeur général de l’IUCT Oncopole et médecin coordonnateur de l’étude.
Trois à quatre mois pour mettre au point un vaccin personnalisé
Ce vaccin personnalisé qui utilise les principes de l’immunothérapie en stimulant les lymphocytes T, est administré à des patients atteints de tumeurs localement avancées T3 ou T4, trois mois après la fin de leur traitement de chirurgie et radiothérapie.
Grâce à la technologie de Transgène qui fait appel à l’intelligence artificielle, la tumeur extraite fait l’objet d’un séquençage complet pour cibler 30 antigènes, les mutations les plus pertinentes et propres à chaque patient.
Trois à quatre mois sont nécessaires pour produire ce vaccin, basé sur des virus (plutôt que sur la technologie de l’ARNm utilisée par exemple par Moderna sur des projets de recherche équivalents). « Notre conviction scientifique, c’est que lorsque l’on utilise la même cible mais avec un vecteur viral, la réponse immunitaire est plus complète et arrive plus tôt », explique le Pr Jean-Pierre Delord. Pour s’assurer de la réponse immunitaire, les médecins comparent le taux de lymphocytes T circulants à celui mesuré à l'inclusion.
Dans cet essai randomisé, les patients ont été séparés en deux groupes. Un premier a reçu le vaccin en monothérapie pour cibler les 30 mutations de chaque patient ; le second n’a rien reçu. Dans ce dernier, les deux patients qui ont récidivé ont, depuis, pu bénéficier du vaccin.
« Cette première phase d’essai nous a permis de démontrer que, sur les quatre premiers patients, une réponse d’immunité est apparue pour dix antigènes spécifiques, pointe le Pr Jean-Pierre Delord. Nous allons donc poursuivre dès 2023 par un essai de phase 2 pour apporter la preuve que les patients vaccinés ont été guéris. »
* L’essai clinique des vaccins individualisés de Transgène coordonné à Toulouse, est mené à l’IUCT Oncopole, l’Institut Curie, mais aussi à la Mayo Clinic (États-Unis) et à l’hôpital de Liverpool.