127 chercheurs, 104 pays, 258 cours d'eau, plus de 1 000 échantillons ! Ces chiffres témoignent de l'ampleur de l'étude entreprise pour la première fois au niveau international pour mesurer la présence et l'impact des résidus médicamenteux dans l'écosystème des rivières du monde. Pour cette recherche, dirigée par l’université d’York (Royaume-Uni), à laquelle a participé l'INRAE et impliquant plus de 80 instituts de recherche, les scientifiques ont plongé leurs fioles dans 258 rivières réparties sur les cinq continents. Leurs résultats, publiés le 14 février dans « PNAS », montrent que toutes les rivières étudiées sont contaminées par des résidus médicamenteux et qu’un quart des sites échantillonnés présentent des niveaux de pollution potentiellement dangereux pour la biodiversité aquatique. Seulement 3 cours d'eau sur 258 sont exempts de contamination. De Delhi à Séoul en passant par New York, Bamako ou Manaus, du Colorado, à l'Antarctique et « même » en France, les chercheurs ont fait le même triste constat. Comme on pouvait s'y attendre, les sites les plus contaminés se retrouvent dans les pays à faibles revenus, dépourvus de stations d'épuration performantes, notamment en Amérique du Sud, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Dans certains pays pauvres, la pollution provient même parfois directement de sites de production de médicaments. Les molécules retrouvées ? C'est une pharmacopée presque entière qui semble dissoute dans l'eau douce des rivières : antibiotiques, analgésiques, anti-inflammatoires, antihistaminiques, antidiabétiques, antidépresseurs, bêtabloquants ou encore stimulants (comme la caféine)… Problème, ces molécules restent chimiquement actives dans l’eau des rivières et influent donc sur la croissance, la reproduction ou la mortalité des poissons, des algues ou des crustacés. Pire encore, les résidus pharmaceutiques dissous pourraient provoquer l’apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques. Au-delà de l'atteinte à la biodiversité, ce « cimetière liquide » de la pharmacie pourrait tuer lui-même d'autres médicaments.
Pollution
Des rivières de médicaments
Par
Publié le 22/02/2022
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Article réservé aux abonnés
Didier Doukhan
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : Le Quotidien du Pharmacien