L'ABDA a présenté la semaine dernière, lors d’une vidéo conférence, les principaux chiffres de l’année écoulée, mais aussi un premier bilan du travail des officines depuis le début de la pandémie. En 2019, le nombre des pharmacies en Allemagne a continué de baisser, pour atteindre à peine la barre des 19 000, après que 348 officines aient fermé entre le 1er janvier et le 31 décembre dernier, soit presque une par jour. En moins de 10 ans, le nombre d’officines, qui s’élevait à 21 300 début 2011, a ainsi baissé de plus de 10 %. La baisse de 2019 s’accompagne d’une légère diminution du nombre de boîtes délivrées, prescrites ou non, et d’une nouvelle stagnation du résultat net. Il s’est élevé en 2019 à 148 500 euros avant impôts, pour un chiffre d’affaires moyen de 2,587 millions, 61 % des officines étant toutefois en de ça de ce seuil.
Autre donnée préoccupante, la poursuite de la progression des ventes en ligne, essentiellement pour les OTC : les pharmacies virtuelles détiennent désormais 15,4 % de ce marché en volume et 16,4 % de son chiffre d’affaires, soit une progression de 6,7 % par rapport à 2018. Seule consolation, mais beaucoup de pharmaciens redoutent qu’elle ne soit que provisoire, les ventes de prescriptions en ligne continuent de stagner à 1,2 %, et ont même baissé de 10 % entre 2019 et 2018. Mais il est vrai que les pharmaciens mènent de nombreuses actions pour les contrer, notamment à travers leurs systèmes de commandes en ligne ou du renforcement des livraisons à domicile : en 2019, constate l’ABDA, plus de 97 % des officines effectuaient régulièrement des livraisons, dont 35 % plusieurs fois par jour.
Un rôle renforcé durant l'épidémie
Dressant ensuite un premier bilan du rôle des pharmaciens lors de la crise du Covid-19, le président de l’ABDA, Friedemann Schmidt, s’est félicité de l’efficacité du système de santé allemand, qui lui a permis, « contrairement à ses homologues italiens, français ou américains », de prendre en charge rapidement l’ensemble des malades qu’il a eu à soigner, tout en accueillant de nombreux patients issus des pays voisins, notamment des Français. L’Allemagne n’en a pas moins connu elle aussi quelques couacs, estime-t-il, en citant notamment les difficultés d’approvisionnement en masques et les ruptures de stock de certains médicaments au début de la pandémie.
Cette efficacité s’est retrouvée au niveau des officines, et l’ABDA relève que 99,8 % des pharmacies sont restées ouvertes et accessibles pendant toute la durée des confinements, malgré les difficultés pratiques qu’ont rencontrées nombre d’entre elles.
Pour M. Schmidt, les officines ont su renforcer leur rôle « d’experts de la santé auprès de la population », que ce soit en termes d’accompagnement, d’information et de services, ou de suivi des patients. En réaffirmant leur rôle, elles ont contribué aussi, selon l’ABDA, à recadrer le débat sur les ventes en ligne, montrant l’incapacité des pharmacies virtuelles à rivaliser avec la présence immédiate et le conseil des officines. Ce n’est donc pas un hasard si le gouvernement, qui avait préféré renoncer fin 2019 à interdire les ventes de prescriptions en ligne pour ne pas se voir censuré par la Commission européenne, étudie à nouveau de nouvelles pistes législatives pour résoudre cette quadrature du cercle et empêcher ces ventes : ce dossier pourrait donc à nouveau évoluer au cours des prochains mois.