Après la disparition de l’ancien footballeur international Gianluca Vialli, mort des suites d’un cancer du pancréas à 58 ans, le monde du ballon rond italien tremble et les langues se délient. Quelques heures après le décès de l’ancien attaquant, une autre légende du football transalpin, Dino Biaggio, a remis en cause, les nombreux cocktails médicamenteux que les joueurs de sa génération auraient dû prendre quasiment avant chaque match. « Gianluca Vialli est parti trop tôt, il faudrait sûrement enquêter sur les substances que l’on a nous a fait avaler durant cette période ; trop de chimie et à présent, j’ai peur pour moi », a déclaré l’ex-coéquipier de Gianluca Vialli dans un entretien sur la chaîne de télévision italienne TV7, avant d'enfoncer le clou : « Cela arrive à trop de joueurs. »
Trop de joueurs, c’est vrai, car durant ces dernières années, plusieurs étoiles du ballon rond sont tombées avant l’heure. En octobre dernier, Gian Piero Ventrone, qui était atteint d’une leucémie myéloïde aiguë, est mort d’une hémorragie cérébrale. Deux mois plus tard, le défenseur central serbe Sinisa Mihajlovic, atteint de la même maladie, s’en est allé à 53 ans à peine. En 2016, Bruno Beatrice est décédé, il avait lui aussi une leucémie. Bien avant en 2002, Gianluca Signorini est mort de la SLA et, un an plus tard, Nello Saltutti est parti à 56 ans d’un infarctus, comme Massimo Mattolini qui souffrait d’insuffisance rénale et prenait du Cortex cérébral. D’autres les ont suivis. Maudite liste, murmurent aujourd’hui leurs anciens compagnons de pelouse.
Les anciens champions se lâchent
Aujourd’hui, la peur suinte dans le milieu des anciens joueurs de cette génération-là, celle des années 1980-1990. Et les anciens champions se lâchent. « On nous donnait des sacrés cocktails médicamenteux, du Micoren directement sur le terrain avant les matches en disant que cela améliorait notre capacité pulmonaire, de l’Epargriseovit et aussi des gouttes pour le nez, l’Argotone, qu’il fallait arrêter trois jours avant de descendre sur la pelouse pour éviter de se faire coincer aux contrôles antidopage », a ainsi confié Massimo Brambati. Depuis la mort de Gianluca Viallli, cet ex-défenseur ne dort plus et réclame des explications. Il parle des injections faites aux joueurs avant les matches. « Le médecin et le masseur nous disaient de ne pas nous inquiéter, que c’étaient des vitamines, pour nous, ils étaient un peu des pères putatifs, on leur faisait confiance… » Aujourd’hui, cette confiance disent-ils, n’existe plus. Un autre attaquant, le Roumain Florin Raducioiu, affirme avoir pris des médicaments. Il parle aussi d’injection à base de liquide « rose » lorsqu’il jouait à Milan, Brescia et Vérone. Il veut prendre contact avec le médecin qui suivait les joueurs à Brescia pour comprendre ce qu’il s’est passé et à quoi servaient tous ces cocktails médicamenteux.
Dans le milieu du ballon rond, ces déclarations font réfléchir certains dirigeants. À commencer par Claudio Lotito, président du club la Lazio. « Je pense que nous devrions approfondir certains aspects, certaines maladies pourraient avoir un lien avec le stress et les soins dans le monde du foot », a déclaré ce dirigeant sportif. Une étude scientifique rédigée en 2020 a analysé les données de quelque 23 000 joueurs professeurs italiens engagés entre 1959 et 2000. Les chercheurs ont trouvé 34 cas de SLA, soit le double du nombre de cas détectés parmi la population durant cette même période. Les auteurs de ce rapport estiment qu’il pourrait y avoir un lien avec « des événements traumatisants » comme les sports de contact. Affaire à suivre.