Nouvelle tendance sur les réseaux sociaux, la promotion de capteur de glucose pour surveiller sa consommation de sucre et maigrir. Entre autres dérives du Net, celle de ces influenceurs mal inspirés a retenu l'attention des députés. L'Assemblée nationale examine cette semaine une proposition de loi transpartisane qui vise à imposer un cadre aux promotions sur les réseaux sociaux.
Le phénomène n'est pas nouveau, mais il commence à prendre de l'ampleur. Plusieurs influenceurs recommandent à leurs abonnés d'apposer sur leurs bras des patchs capteurs de glucose pour un motif qui n'a rien à voir avec le diabète. Utiliser des capteurs de glycémie pour suivre sa consommation de sucre et maigrir, telle est en effet la démarche prônée par ces diététiciens auto-proclamés. Une démarche qui n'est pas du goût des « vrais » utilisateurs de ces dispositifs médicaux, les diabétiques. D’autant que certains n’ont pas accès à ce dispositif, pourtant vital, car cher, mal remboursé, ou en rupture de stocks. Dans un communiqué publié ce jour, la Fédération française des diabétiques (FFD) déplore ainsi la « présentation de capteurs de glucose en continu comme outils " life style ", décrédibilisant les patients atteints de diabète pour qui ces dispositifs médicaux sont prescrits dans le cadre d’un traitement ».
Alors que les députés viennent de débuter l’examen de la proposition de loi transpartisane visant à lutter contre les arnaques et les dérives des « influenceurs » sur les réseaux sociaux, la Fédération française des diabétiques prend position et soutient la démarche portée par les députés Stéphane Vojetta et Arthur Delaporte. Dans un communiqué publié ce jour, la FFD « demande à ce que soient suspendus les comptes sur les réseaux sociaux des influenceurs faisant la promotion d’une utilisation " out-label " des traitements ou dispositifs médicaux, et dans les cas plus graves une poursuite systématique pour pratique médicale ou pharmaceutique illégale ».
Au-delà du cas des usages détournés (Ozempic, capteurs de glucose…), le texte de loi interdirait la promotion d'actes de chirurgie esthétique et pose la question plus globale de l'interdiction de la promotion de médicaments. « C'est un texte qui va responsabiliser et protéger » les influenceurs, fait valoir Stéphane Vojetta (majorité présidentielle), quand son co-auteur, le socialiste Arthur Delaporte, abonde sur le besoin d'ordonner « une jungle » laissée à l'auto-régulation.
L'examen du texte doit débuter mardi ou mercredi. Largement adopté en commission, il prévoit une définition légale de l'activité des 150 000 influenceurs français. Signe que l'initiative est scrutée, 150 influenceurs ont appelé dans le « JDD » les députés à « ne pas casser (leur) modèle » à cause de la « dérive d'une minorité ». Certains signataires de premier plan, comme Squeezie, plus gros Youtubeur français (17,9 millions d'abonnés), ont depuis retiré leur paraphe et le collectif à l'origine de la tribune a assuré « soutenir » la proposition de loi.
Le texte en gestation prévoit qu'en cas de manquement, les influenceurs encourront jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d’amende, voire une interdiction d'exercer.