Lorsqu’elle arrive sur le parking de la pharmacie, Karine ne voit rien d’anormal. Il y a dix minutes elle était dans son lit, profondément endormie, jusqu’à ce que la société de surveillance l’appelle sur son téléphone. Accompagnée de son mari, elle n’en mène pas large.
- On fait quoi ? On descend ?, demande Matthieu.
- On attend. Les gendarmes sont prévenus. Ils m’ont demandé de ne pas entrer. C’est trop dangereux. Les cambrioleurs ne sont peut-être pas partis.
- Si ça se trouve, ce n’est qu’une mouche, ou une souris…
- On n’a pas de souris à la pharmacie. Et les mouches en février, elles ne sont pas nombreuses. Ah ! Voilà la gendarmerie.
Les visages éclairés par les gyrophares, le couple descend pour aller à la rencontre des gendarmes. Karine les connaît bien ; elle a déjà travaillé avec eux dans le cadre de son mandat d’adjointe municipale.
- Vous avez vu quelque chose bouger Madame Dupré ?, demande le capitaine Mareau.
- Pas depuis que nous sommes là, c’est-à-dire un quart d’heure environ.
L’autre gendarme éclaire la porte de service. La serrure est défoncée mais la porte semble avoir tenu.
- Ils ne sont pas passés par ici, conclut le capitaine. Esther, éclaire un peu vers la gauche s’il te plaît ? Là ! Regardez la fenêtre, elle est entrouverte. C’est quoi derrière ?
- C’est le bureau.
- Bon, il ne semble plus y avoir d’activité à l’intérieur. On va aller vérifier et constater l’infraction, dit l’officier d’un ton nonchalant.
Dans la pharmacie, le back-office est sens dessus dessous.
- Ça ressemble à un cambriolage, dit l’officier.
- Non sans blague ?, marmonne Matthieu.
- Mais pourquoi avoir tout vandalisé ?, se désole la pharmacienne.
- Précipitation, saccage, ça sent la recherche de drogue. Croyez-en mon expérience. Où est votre coffre à stupéfiants ?
Karine conduit le capitaine Mareau et son coéquipier au coffre. On y voit nettement des traces de coups portés sur la porte. Les voleurs se sont acharnés sans réussir à l’ouvrir. Lors des travaux, le coffre a été scellé dans le mur. Impossible de l’en déloger.
D’abord soulagée, Karine déchante :
- Ça ne s’ouvre pas. Je n’arrive pas à insérer la clé.
- Vu l’état, ça ne m’étonne pas. Il faudra faire appel à un serrurier.
- Capitaine, on nous signale une autre tentative d’intrusion dans une pharmacie, à 20 km, prévient Esther.
- Croyez-moi, c’est le début d’une épidémie. Hier, nous avons déjà reçu une alerte. Dans le secteur de Saint-Martin, trois pharmacies ont été cambriolées en une nuit. À mon avis, les malfaiteurs cherchent des stups et de l’argent. Croyez-en mon expérience, réplique Mareau en coinçant une cigarette entre son oreille et son crâne.
- Tu le connais Colombo ?, chuchote Matthieu à sa femme.
Karine rit nerveusement.
- Oui. Sous ses airs old fashion, c’est un excellent gendarme.
- Vous avez un stock de prégabaline et de tramadol ?, demande le capitaine.
- Dans le robot. Mais impossible de vous dire où c’est rangé. Seul le robot le sait.
- Merveilleuse cette technologie. Merveilleuse… ce robot est un excellent coffre-fort.
- Vous aviez de l’argent liquide dans les tiroirs-caisses ?, demande le coéquipier de Mareau.
- Oui. Peu mais oui. Quelques billets et des pièces.
- Désolé Madame Dupré, il n’y a plus rien. Ils ont été totalement vidés.
(à suivre…)