Pour parer à la pandémie de Covid, les gouvernements souhaitent développer des tests de dépistage de masse fiables, rapides et peu onéreux. Nous disposons actuellement des tests PCR mais plusieurs autres modalités sont à l’étude. L’une d’elles, plutôt originale, fait appel aux capacités olfactives particulièrement développées du chien, déjà utilisées par les douanes (détection de la drogue ou d’explosifs), les secours (recherche de personnes ensevelies) ou les médecins (dépistage de malades porteurs de cancers du sein, du côlon ou atteints de paludisme). Deux équipes, l’une menée par trois chercheurs de l’université de Strasbourg (projet Covidog), et la seconde menée à l’école vétérinaire d’Alfort (projet Nosaïs).
Pourquoi un dépistage olfactif ?
Les deux équipes de chercheurs ont émis l’hypothèse suivante : les patients atteints de certains cancers ou de paludisme dégagent une odeur spécifique, liée à la libération d’un ensemble de composés volatils organiques, le volatilome (ou VOC des Anglo-Saxons), que les chiens « renifleurs » peuvent repérer. Les VOC se trouvent dans l’air expiré, la sueur, le sang, l’urine, les fécès, la salive ou les larmes. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’infection par le SARS-CoV-2 ? Les malades auraient ainsi une « signature olfactive ».
Les chiens, surtout ceux au museau allongé, possèdent une muqueuse olfactive dont la surface (≈ 200 cm2) excède largement celle de l’homme (≈ 10 cm2) ce qui permet un contact bien supérieur avec les molécules odorantes. De plus, lorsqu’ils pistent les odeurs, ils reniflent, ce qui augmente le flux d’air qui parvient à leur muqueuse nasale tout en le brassant et accroît d’autant leurs capacités olfactives. Plus ils sont entraînés à rechercher une odeur, plus leur capacité à la trouver augmente. Ainsi les deux projets en cours ont utilisé des chiens « renifleurs » déjà bien entraînés au dépistage olfactif appartenant par exemple au corps des sapeurs pompiers.
Premiers résultats encourageants
La première étape consistait à savoir si les malades du Covid-19 avaient bien cette signature olfactive. Apparemment oui ! Dans l’étude Nosaïs 8 chiens ont été entraînés à renifler l’odeur issue de la sueur axillaire de malades Covid + (par PCR) avant de faire 368 essais (1). Quatre chiens se sont montrés efficaces à 100 % et les 4 autres entre 83 et 94 %. À Hanovre, une autre étude menée avec 8 chiens et plus de 10 000 échantillons salivaires ou trachéobronchiques inactivés a obtenu une sensibilité de 82,6 % et une spécificité de 96,3 %. D’autres études menées à l’étranger montrent des résultats semblables.
Et maintenant ?
Ces premiers résultats ont amené les Académies de médecine et vétérinaire à publier un communiqué de presse commun (2) le 28 août dernier, recommandant le développement de ce nouveau test de dépistage afin qu’il puisse être rapidement mis en œuvre. Elles précisent cependant qu’il faut poursuivre les études afin de déterminer la spécificité et la sensibilité de ce test (dans des conditions de foule, par exemple), identifier le volatilome (pour s’assurer qu’il n’y a pas de confusion possible avec une autre infection virale), constituer des équipes dédiées (homme/chien), sécuriser les prélèvements à analyser (pour l’homme et le chien) et définir l’usage de ce test de dépistage. Si les résultats se concrétisent ce test pourrait s’avérer très intéressant et peu onéreux : il existe déjà des centaines de chiens renifleurs entraînés, leur entraînement à une nouvelle odeur est rapide (quelques heures), ils peuvent « flairer » 200 à 300 personnes par jour, le résultat est immédiat ! Ils pourraient donc réaliser les contrôles dans les aéroports, les ports ou les gares, pour repérer les « positifs » qui, bien sûr, seraient ensuite testés. Un « flair » à suivre donc !
1) Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=fcB-SOmJxNw&feature=youtu.be.
2) http://www.academie-medecine.fr/test-olfactif-de-depistage-de-la-covid-…