Avec 3 008 signalements enregistrés en 2020, jamais la population n'avait autant saisi la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaire) pour exprimer leurs inquiétudes concernant une potentielle emprise sectaire sur un proche. La crise sanitaire semble avoir aggravé le phénomène.
Jeûne destiné à renforcer les défenses immunitaires, bains de lumière « métatronique », protection prodiguée par téléphone… Entre le 1er mars et le 31 décembre 2020, la Miviludes a recensé 120 signalements de situations inquiétantes en lien direct avec la crise sanitaire. Par ailleurs, 93 saisines concernaient le Covid et 37, la vaccination. « Tous les mouvements qui présentent des risques de dérives de nature sectaire ont remarquablement adapté leurs discours et leurs offres », constate la Miviludes dans le rapport qu'elle publie aujourd'hui. Ce sont surtout les mouvements ou les personnalités qui s'opposent à la médecine scientifique qui ont trouvé de nouveaux arguments pour séduire, note-t-elle. La téléconsultation, les soins à distance et par conséquent, le télépaiement, utilisés par les gourous en tout genre bien avant la crise, se sont renforcés, « permettant des prédations financières » en toute discrétion.
De manière globale, les saisines portant sur des mouvements liés à la médecine complémentaire et alternative ont quasiment doublé depuis 2018 et représentent en 2020 412 signalements sur 3008, soit la première cause de signalement. 38 % des demandes concernaient le domaine de la santé et du bien-être.
Plus de 200 transmissions ont été effectuées vers les autorités sanitaires, ARS mais aussi ordres professionnels. Alors que des conventions cadres ont déjà été conclues avec certains d'entre eux, la Miviludes annonce qu'un partenariat officiel devrait voir le jour en 2021 avec l'Ordre des pharmaciens. Il s'appuiera sur les travaux de docteurs en pharmacie initiés à la suite d'interventions de sensibilisation régulières depuis 5 ans auprès des étudiants en dernière année de formation officinale à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine).