Les pharmacies ont relativement bien résisté à la tourmente du Covid-19, comme l’attestent les premières statistiques diffusées ce matin par les experts-comptables CGP et Fiducial, à l’occasion de la 21e Journée de l’économie de l’officine organisée par « Le Quotidien du Pharmacien ».
Les chiffres du premier semestre ont cette année une résonance toute particulière, car ils permettent de mesurer la résistance de l’économie officinale à une crise sanitaire sans précédent. Bonne nouvelle, l’activité de 1 786 officines présentée ce matin par Joël Lecoeur, président du réseau d’experts-comptables CGP, démontre une certaine élasticité : le chiffre d’affaires s’est infléchi de 0,98 % entre début mars et fin juin, pour marquer globalement une hausse de 1,68 % entre janvier et juin (honoraires compris). Cette tendance mérite d’autant plus d’être soulignée que les officines n'ont pas pu compter sur la contribution des médicaments chers entre le 1er janvier et le 30 juin. Ces ventes stagnent en effet à + 0,61 %, le chiffre d’affaires des médicaments dont le prix se situe entre 150 euros et 1 600 euros ayant baissé de 4,3 %. Le rattrapage n’a pu se faire que grâce aux ventes de médicaments dont le prix excède 1 600 euros et qui enregistrent une hausse de 9,89 %.
Au comptoir, l’activité est de toute évidence sauvée par les honoraires, en progression de 6,19 % à 99 378 euros en moyenne, mais aussi par la bonne tenue des produits de TVA à 20 % (+ 4,02 %) et à 5,5 % (+ 9,66 %). La progression de cette dernière catégorie est due en grande partie aux ventes de solutions hydroalcooliques et de masques. Quant aux produits à TVA de 10 %, l’érosion des ventes se poursuit à – 7,95 %. Ces statistiques sont cependant peu représentatives au regard des disparités observées dans le réseau officinal. Ainsi, les pharmacies des centres commerciaux sont celles qui ont le plus souffert de la crise sanitaire. Elles subissent un recul de 8,13 % de leur activité entre le 1er mars et le 31 mai, avec des chutes abyssales de 34,18 % au cours des dix premiers jours de mai. Cette période pré-déconfinement a été manifestement la plus difficile pour l’ensemble du réseau officinal après un mois d’avril en retrait global de 7, 23 %.
Ces variations ont sans aucun doute poussé les titulaires à recourir aux mesures de soutien prévues par le gouvernement. Ainsi, selon une enquête présentée Philippe Becker, de Fiducial, auprès de 498 officines clientes, 25 % d’entre elles ont demandé un report de leurs cotisations TNS et 18 % un report de l’échéance de leur emprunt. 9 % ont souscrit un prêt garanti par l’État (PGE) tandis que 14 % ont recouru au chômage partiel. Quant aux 786 officines suivies par le réseau CGP, 80 % ont demandé un report de leurs cotisations TNS, 24 % un report de l'échéance de leur emprunt, 10 % ont souscrit un PGE, et 10 % ont recouru au chômage partiel. Toutefois, la mesure de chômage partiel n'a porté, en général, que sur un seul salarié.