Système de ventilation, nettoyage par eau pressurisée, conditions de promiscuité… L’Académie de médecine détaille les raisons pour lesquelles les abattoirs sont spécifiquement touchés par le coronavirus. Et les moyens à mettre en place pour éviter ces contaminations.
Depuis le début de la pandémie, des foyers importants de Covid-19 se sont déclarés dans les abattoirs industriels (notamment de volailles et de porcs) de plusieurs pays, notamment en France et tout dernièrement en Allemagne, dans le plus gros abattoir de porcs d’Europe, où la maladie a affecté près de 1 500 personnes sur les 6 139 que compte l’établissement.
Mais pourquoi les abattoirs sont-ils spécifiquement touchés par le coronavirus ? L’Académie de médecine, qui s’est penchée sur la question, estime que les facteurs environnementaux sont principalement en cause. En effet, « les systèmes de ventilation et de nettoyage par eau pressurisée favorisent la survie et la propagation du virus. Le port permanent du masque est difficile, surtout dans ces espaces clos où le niveau sonore impose souvent de se rapprocher et de hausser le ton pour échanger entre collègues, ce qui favorise la transmission virale par gouttelettes de salive. Dans les ateliers de désossage et de découpe, où les températures de travail sont souvent basses (4 °C à 10 °C), la vapeur d’eau dégagée par la respiration des salariés entraîne une condensation rapide et une humidification des masques qui nuit à leur capacité de filtration. Enfin, les conditions de promiscuité rendent difficile le respect d’une distanciation physique, tant aux vestiaires que sur la chaîne de travail ou lors des pauses ».
Les facteurs sociaux économiques jouent également un rôle dans le risque de Covid-19. En effet, les salariés sont souvent des étrangers et personnes vivant dans des conditions précaires (hébergements collectifs, familles nombreuses…). Et leurs moyens de déplacement (bus, covoiturage) favorisent la diffusion du virus, à l’intérieur comme à l’extérieur des établissements.
En revanche, l’Académie écarte toute contamination via les animaux abattus. « Il a été démontré expérimentalement que les porcs et les volailles étaient résistants au SARS-CoV-2. De même, la viande ne présente aucun danger avéré de contamination pour le consommateur », insiste-t-elle.
Pour l’instance, c’est en renforçant les mesures de prévention et le dépistage que l’on pourra lutter contre les foyers de coronavirus dans les abattoirs. Elle recommande « d'intégrer le personnel des abattoirs dans un programme national de dépistage de la maladie », de « renforcer leur surveillance médicale » et de « renforcer le contrôle des conditions de travail, le respect des mesures de prévention et des règles d’hygiène ».