Bien que répondant à une définition commune, les compléments alimentaires forment une catégorie de produits très variés, pouvant être utilisés dans de nombreux domaines médicaux.
À l'officine, leur qualité est renforcée par le conseil professionnel du pharmacien et de son équipe. Pourtant, les ressources de ces produits de santé restent encore insuffisamment exploitées. Les pharmaciens en sont conscients et plébiscitent une intégration plus marquée des compléments alimentaires dans les recommandations thérapeutiques.
Un produit de santé intégré à la pratique officinale
Selon l'enquête du « Quotidien du pharmacien »*, deux tiers des pharmaciens interrogés disent conseiller, avec une fréquence variable (parfois, souvent ou très souvent), des compléments alimentaires ou des produits de santé d'origine naturelle. Ce résultat montre qu'une majorité de pharmaciens identifie le complément alimentaire comme une réponse, une option pour prendre en charge une plainte ou une demande à l'officine. Dans 41 % des cas, le recours à ce type de produit intervient en complément d'une prescription. Cette situation s'observe notamment pour pallier des effets indésirables d'un traitement médicamenteux, ou pour renforcer l'action d'un médicament. Pour un tiers des pharmaciens interrogés, le complément alimentaire est conseillé dans un cadre préventif. Enfin, 22 % indiquent y recourir en conseil de première intention. À travers ces chiffres, on constate que le recours au complément alimentaire accompagne l'ensemble des interventions du pharmacien, qu'il s'agisse de la prévention, du premier recours, ou de l'accompagnement du patient sous traitement médicamenteux.
Une utilisation en cohérence avec la définition
Pour près d'un pharmacien sur deux, le complément alimentaire a deux vocations ; il intervient en complément de l’alimentation en cas de déficience ou de carence. Il permet également de maintenir ou d'améliorer les fonctions physiologiques de l'organisme. Néanmoins, pour 43 % des pharmaciens interrogés, ces produits ont pour seul objectif de supplémenter l'organisme en cas de déficience ou de carence. Ces réponses soulignent une relative bonne connaissance de la définition du complément alimentaire. Selon l'agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) en effet, ces produits sont destinés à « corriger des carences nutritionnelles, à maintenir un apport adéquat en nutriments, ou à soutenir des fonctions physiologiques spécifiques ».
Des fabricants dans leur rôle.
Concernant la formulation des produits, la principale source d’information citée par les pharmaciens est l’emballage. Pour 57 % des pharmaciens interrogés, ces informations placées sous la responsabilité des fabricants sont suffisantes, ce qui sous-entend une qualité et une transparence de la part des laboratoires doublée d'une confiance envers le fabricant pour les produits référencés à l'officine. Contrairement au médicament, les banques de données sont peu privilégiées par les pharmaciens pour obtenir des informations sur la composition.
Les pharmaciens veulent plus de preuves scientifiques
Quatre pharmaciens interrogés sur cinq estiment que l’information sur les bénéfices du produit fournie sur l’étiquetage est claire. Claire mais certainement insuffisante. Selon l’enquête, pour 30 % des pharmaciens, l’absence de recommandation officielle par les sociétés savantes est un facteur limitant l’utilisation des compléments alimentaires dans l’arsenal thérapeutique. Et un tiers des pharmaciens éprouvent un besoin de formation continue et complémentaire sur le sujet. Un pharmacien sur cinq avance également un manque de crédibilité des compléments alimentaires auprès du public. L'ensemble de ces résultats sous-entend une volonté de disposer de davantage de preuves scientifiques et robustes pour imposer le choix d'un produit.
Le dispositif de nutrivigilance mal connu des pharmaciens
En termes de sécurité, deux pharmaciens sur trois (65 %) estiment que la composition, la fabrication et les allégations santé sont assez bien encadrées. En revanche, concernant la surveillance et le suivi post-commercialisation, les résultats sont mitigés. Ainsi, seulement un pharmacien sur deux estime que cet encadrement est « assez bien » réalisé, alors que 16 % l'estiment faible et 16 % ne se prononcent pas. Ces données suggèrent une méconnaissance des pharmaciens sur le système de nutrivigilance déployé en France pour surveiller l'ensemble des compléments alimentaires après leur commercialisation. Un constat paradoxal puisque la France a été le premier pays à mettre en place ce dispositif.
* Enquête réalisée par CallMediCall entre le 1er et le 20 avril 2021 sur un panel représentatif de 1 006 pharmaciens, avec la collaboration du Synadiet.