Insolite

Automédication de pointe

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Publié le 21/11/2024

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Je vous ai déjà raconté une histoire semblable. Celle d’Olivier Goy. C’était en mars 2023. Pour obtenir le traitement susceptible de lui faire gagner quelques précieux mois de vie – et encore dépourvu d’AMM en France –, ce patient atteint de la maladie de Charcot n’avait eu d’autre option que d’acheter à l’étranger principe actif et excipients et de réaliser lui-même sa propre préparation. La démarche de Beata Halassy est du même tonneau. Sauf que cette patiente (impatiente) est aussi virologue à l’Université de Zagreb (Croatie). Malade et thérapeute à la fois, elle a décidé de ne pas se laisser vaincre par son cancer du sein. En 2020, à l’âge de 49 ans, et malgré une mastectomie, elle découvre à la place de son sein gauche une deuxième récidive de sa tumeur. L’idée d’entreprendre une nouvelle chimiothérapie lui paraît insupportable. C’est alors qu’elle choisit de tester sur elle-même un traitement novateur et non encore éprouvé par ses pairs : la virothérapie oncolytique (OVT), une technique qui consiste à utiliser des virus pour attaquer les cellules cancéreuses et inciter le système immunitaire à les combattre. Pas encore d’OVT approuvé pour traiter le cancer du sein ? Qu’importe, se dit la virologue, je ferai mon traitement toute seule. Et ça marche ! Quatre ans plus tard, Beata Halassy est en pleine forme. Bien plus que sur les ressorts pharmacologiques de la méthode, cette démarche d’automédication sauvage interroge surtout l’éthique. C’est la raison pour laquelle l’auteure de cette expérimentation hors normes a eu toutes les peines du monde à publier son cas. C’est finalement la revue « Vaccines » qui a osé dans son édition du 1er août. « Le problème n’est pas que Halassy ait eu recours à l’auto-expérimentation en tant que telle, mais que la publication de ses résultats pourrait encourager d’autres personnes à rejeter les traitements conventionnels et à essayer quelque chose de similaire, commente la revue, avant d’ajouter, il faut aussi veiller à ce que les connaissances issues de l’auto-expérimentation ne soient pas perdues. » De quoi donner au « en même temps » une valeur plus médicale que politique…

Didier Doukhan

Source : lequotidiendupharmacien.fr