La France a longtemps été pionnière dans la lutte contre la douleur, au travers de la mise en œuvre de trois plans d’action successifs, qui ont abouti à des avancées concrètes. Mais depuis 2012 et l’arrêt de l’application du 4e plan national, cette dynamique s’est essoufflée.
« Un nouveau plan national de lutte contre la douleur permettrait de mettre en œuvre une véritable stratégie, ambitieuse et à la hauteur des enjeux à traiter », déclare le Pr Frédéric Aubrun (président de la SFETD). C’est ainsi que 22 propositions ont été émises autour de quatre axes : l’amélioration de la reconnaissance sociétale de la douleur, le renforcement de la formation des professionnels de santé et des patients, la pérennisation des structures dédiées à la douleur chronique et l’optimisation du parcours de soins du patient douloureux.
Premier motif de consultation, dans les services d’urgences et chez le médecin généraliste, la douleur concerne près de 12 millions de Français, soit plus de 20 % de la population. Parmi eux, 70 % ne reçoivent pas un traitement approprié et seulement 3 % bénéficient d’une prise en charge dans l’une des 243 structures spécialisées (Structures douleur chronique : SDC). La douleur est encore aujourd’hui trop souvent ignorée et sous-évaluée, engendrant des retards dans la prise en charge et des situations d’errance diagnostique. Il existe un véritable défaut d’information pour les patients et les professionnels de santé sur les possibilités de prise en charge par les structures spécialisées.
« Pourtant indispensables à la prise en charge des patients douloureux, les SDC sont aujourd’hui menacées pour des difficultés financières ou pour cause de départs de personnel non remplacé. Il faut absolument permettre la pérennisation de ces structures », souligne le Pr Frédéric Aubrun. Il est nécessaire également d’augmenter le nombre de Structures douleur dédiées aux enfants (seulement 38 Structures douleur chronique pédiatriques actuellement). Une coopération est plus que nécessaire entre les SDC et les équipes de soins primaires. La mise en commun des différentes expertises et le recours aux professionnels de ville (médecins généralistes, pharmaciens d’officine…) permettraient de mieux prendre en charge les patients douloureux et de réduire de fait le délai d’accès aux consultations et centres douleur.
Sécuriser l’utilisation des médicaments antalgiques
Enfin, le mésusage des antalgiques concerne principalement les antalgiques opioïdes, les plus prescrits. En France, des données rapportent, entre 2004 et 2015, une augmentation des décès imputables aux opioïdes de 161 % et une augmentation de 128 % des hospitalisations liées à des overdoses aux opioïdes. Afin de sécuriser au mieux l’utilisation des médicaments antalgiques sans restreindre leur accès aux patients douloureux, il est recommandé de créer des campagnes d’informations répétées des autorités sanitaires à destination des usagers et des professionnels de santé, notamment sur les risques et les populations vulnérables. « Dans ce cadre, les pharmaciens d’officine ont un rôle essentiel à jouer. Des questionnaires permettent d’évaluer s’il existe une addiction aux antalgiques opioïdes… »
D’après une conférence virtuelle organisée par la SFETD.