Dans un communiqué, l'Académie de médecine alerte sur les effets des lampes combinant UV (au moins 48 watts) et diode électroluminescente (LED) utilisés pour sécher les différentes couches de vernis semi-permanent (durée de pause entre deux et trois semaines).
« Ces lampes émettent des rayons UV de type A (UVA), qui pénètrent profondément dans la peau et sont connus pour favoriser le vieillissement mais surtout le développement de cancers de la peau », met en garde l’Académie. Les UVA sont classés comme cancérogènes du groupe 1 (cancérogène avéré) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Des effets de plus en plus documentés
Plusieurs études étayent les effets secondaires induits par les vernis semi-permanents. En 2022, une synthèse publiée dans « Clinics in Dermatology » recensait trois types d’effets : des réactions cutanées allergiques (dans 70,5 % des cas), des atteintes mécaniques des ongles (26,1 %) et des cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit (3,4 %). Dès 2009, une étude des Instituts nationaux de la santé américains (NIH) alertait sur le rôle favorisant des lampes UV « à ongles » dans l’induction de ces cancers cutanés.
« Les rayons UVA sont connus pour endommager l'ADN des cellules de la peau en produisant des radicaux libres, qui induisent l’apparition de mutations à l’origine de cancers dans ces cellules, explique l’Académie. La particularité des UVA est d’induire toujours le même type de mutations. Leur identification dans les cellules des cancers de la peau permet de parler de "signature UVA" des cancers ainsi induits. »
En début d’année, une étude expérimentale, publiée dans « Nature Communications », évaluait l’effet de ces lampes sur trois types de cellules de la peau : des fibroblastes embryonnaires de souris, des fibroblastes et des kératinocytes humains. Selon les résultats, le rayonnement émis « peut à la fois endommager l'ADN et graver de façon permanente des mutations sur les génomes » des trois types de cellules, indiquent les auteurs.
Trois facteurs sont associés à un risque accru, résume l’Académie : « l’âge jeune de début d’utilisation (en moyenne 20 ans) ; la fréquence rapprochée des expositions, (moyenne de 5 à 6 fois par an, voire plus avec le développement des lampes à domicile) ; l’exposition durant plusieurs années ». L’effet cumulatif « représente le risque majeur », qui peut être « aggravé par le terrain (peau claire, immunodépression) », poursuit-elle.
Réduire les risques et informer
Pour limiter les risques, l’Académie recommande d’appliquer une crème solaire avec une protection UVA environ 20 minutes avant l’exposition des mains aux lampes UV/LED. Aux autorités, elles préconisent d’établir un recensement des appareils vendus pour estimer l’évolution du marché.
Pour une meilleure information des utilisateurs, elle suggère de joindre « obligatoirement » à chaque lampe achetée un message écrit d’alerte et de recommandations, mais aussi de développer des campagnes d’information pour le grand public et les professionnels concernés. En parallèle, des études épidémiologiques sont à mener pour évaluer le risque de carcinome cutané induit par la répétition fréquente de ce type d’irradiations sur une longue durée.