Nouvel envol pour le marché des antimoustiques

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Publié le 30/04/2021
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La baisse drastique des voyages imposée par la crise sanitaire n'est pas le seul frein aux ventes de solutions antimoustiques. Pour autant, le marché peut compter sur de puissants leviers de développement, à commencer par la multiplication de certaines espèces de moustiques en France.

Sans grande surprise, les ventes de solutions anti-moustiques/tiques ont régressé - de 14 % en volume et 12,5 % en valeur - en 2020. Une baisse que l'on peut imputer à la crise sanitaire qui a considérablement réduit les possibilités de voyage en maintenant la population à domicile.

La situation, pourtant, aurait pu impacter plus drastiquement le marché, comme le remarque Julie Chevalier, responsable marketing chez Chauvin Bausch & Lomb. « Avec des possibilités très réduites de vacances à l'étranger et notamment dans les régions chaudes et ensoleillées, les ventes de solutions antimoustiques se sont relativement bien maintenues. » Un report des achats sur des formes adaptées aux zones tempérées, moins concentrées en répulsif, peut expliquer le phénomène pour la gamme Cinq sur Cinq, les consommateurs ayant majoritairement passé leurs vacances en France métropolitaine. Le segment des formules « naturelles », à base d'actifs végétaux, a, quant à lui, progressé l'an passé. « C'est la seule catégorie de produits en croissance, ce qui correspond aussi à une tendance de fond. » Un autre segment, celui des diffuseurs intérieurs/extérieurs, a montré un certain dynamisme. « La population a largement investi les espaces extérieurs durant la crise sanitaire, partout où elle le pouvait. » La nécessité de se préserver des piqûres de moustiques sur les terrasses et dans les jardins s'est aussi intensifiée sous l'effet des invasions d'espèces, notamment certains Aedes, capables de transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya ou le virus Zika. « Le moustique tigre est aujourd'hui présent dans 51 départements de France métropolitaine. Les Français le savent et connaissent les risques liés à cette espèce. D'autant qu'on peut difficilement endiguer les invasions, particulièrement dans les grandes villes où la démoustication est compliquée par l'urbanisation. On privilégie alors les stratégies de protection individuelle. Ces phénomènes assurent au marché des répulsifs sa pérennité. »

Innovations

Dans la gamme Cinq sur Cinq, ce sont les sprays (tous avec AMM) qui représentent la majorité des ventes. Les présentations en sticks, développées par la marque, connaissent aussi un certain engouement. « Nomades, simples à utiliser, les sticks facilitent l'utilisation des formules antimoustiques, notamment chez les enfants en évitant les projections dans les yeux, précise Julie Chevalier. Ils sont privilégiés dans les garderies. Par ailleurs, ils permettent d'effectuer des retouches rapides sur la peau quand on s'est mouillé par exemple. Ces formats sont amenés à se développer. » La gamme végétale Cinq sur Cinq à base d'huile d'Eucalyptus Citriodora accueille, quant à elle, une innovation sous la forme d'un spray 2 en 1, qui allie répulsif et protection solaire SPF 50. « Nous avons travaillé la formule de façon que les deux actifs ne s 'annulent pas, sachant qu'il faut normalement attendre 20 minutes entre l'application d'une protection solaire et celle d'un antimoustique pour conserver aux produits leurs effets respectifs. »

Nouveauté également dans la gamme Insect Ecran (Cooper) qui présente une formule à base de DEET - une des quatre principales molécules biocides à vocation répulsive (avec l'IR 3535, l'Icaridine, l'huile d'Eucalyptus Citriodora/Citriodiol) présentes sur le marché - vouée à protéger des moustiques, guêpes et frelons. « Les guêpes constituent une problématique croissante qui vient s'ajouter aux invasions de moustiques, remarque Emmanuel Bernard, directeur marketing au sein du laboratoire Cooper. On a imaginé un produit tout en un qui puisse repousser plusieurs types d'insectes en même temps. » Une autre formule, Insect Ecran Kids, intégrant 10 % de DEET sera lancée un peu avant l'été sur le segment de la protection familiale. « Notre gamme, uniquement composée de sprays, a été pensée de façon à couvrir tous les besoins, tropiques, zones infestées, zones tempérées, que vient compléter une ligne à base d'actifs végétaux. »

Si le marché des solutions antimoustiques fait la part belle aux aérosols et sprays qui occupent les trois quarts des ventes en volume et en valeur, d'autres galéniques - solutions externes (lotion, émulsion, lait), sticks, roll-on, crèmes, bracelets… - sont également disponibles. La protection passe aussi par les insecticides, à vaporiser sur les vêtements ou à diffuser dans l'atmosphère. « 40 % des piqûres se font à travers les vêtements, sachant que le moustique est l'animal qui tue le plus sur la terre, suivi d'une espèce particulière d'escargot et du serpent. Une protection efficace passe par l'utilisation d'un répulsif sur la peau et l'application d'un insecticide sur le tissu. »

Le levier du naturel

Si l'alternance d'humidité et de chaleur est une condition favorable à la ponte des larves et à la multiplication des moustiques, le marché reste, de ce fait, dépendant des aléas météorologiques. En 2019, une baisse de 14 % en volume et 15 % en valeur avait été enregistrée sur le marché des répulsifs. « Cette année-là, il n'a pas assez plu et certaines zones se sont trouvées asséchées, poursuit Emmanuel Bernard. L'élimination des eaux stagnantes fait d'ailleurs partie des actions encouragées dans la population pour lutter contre les invasions. » La baisse drastique des voyages, en 2020, n'a pas permis de redresser la situation. « 25 % de la demande en répulsifs est générée par les voyageurs en zone à risque d'infestation. » Pour autant, ces deux années de régression ne constituent, pour le directeur marketing, qu'une vue à court terme de l'évolution du marché. « Si l'on considère les ventes sur 7 à 8 ans, on réalise qu'elles augmentent en moyenne de 5 % par an. » Une croissance qu'alimente la demande en actifs naturels, un segment qui aurait gagné 45 % en 2019. Les gammes Para'Kito Derm – dont le spray anti-moustiques et tiques water résistant, hydratant et après-soleil - et Diffuz (nouvelle collection de bracelets Teens) chez Evergreen Land, formulées à base d'ingrédients d'origine botanique, illustrent bien le phénomène, tout comme la gamme Anti-Pique de Puressentiel (rollers et sprays répulsifs, crème multi-apaisante, spray vêtement, kit Tropical…) à base d'huiles essentielles…

Dans sa gamme Aromapic, Pranarôm n'a également recours qu'à des actifs végétaux. « Le plus efficace des répulsifs végétaux est le Citriodiol issu de l’Eucalyptus citriodora », indique Violaine Dengremont, responsable de la marque Pranarôm. On l'associe à des actifs historiques comme les huiles essentielles d'Eucalyptus citronné, de Citronnelle de Madagascar, de Lemongrass ou de Géranium rosat… « Les huiles essentielles aux multiples propriétés peuvent être combinées entre elles pour additionner les effets - répulsif, anti-inflammatoire, apaisant, cicatrisant… » Un nouveau Lait corporel Soirée d'été paisible associant répulsif et réparateur cutané a été développé dans la gamme Aromapic pour les peaux échauffées par le soleil. Un lancement qui vient diversifier l'offre globale du marché qui abrite également des gammes comme Apaisyl Répulsif Moustiques (P & G Health France), Paranix (Oméga Pharma), Pediakid Bouclier (Ineldea), Mousti Kill (Mathieu), Moustidose (Gilbert)…

Anne-Sophie Pichard

Source : Le Quotidien du Pharmacien