L’ARRIVÉE de vaccins par voie orale - comme c’est déjà le cas du Rotavirus - ou par voie nasale - comme le vaccin grippal prévu à l’automne 2013 -, mieux acceptés que ceux par voie injectable, améliorera probablement la couverture vaccinale, espère le Pr Philippe Reinert, membre du Comité technique de vaccination. Mais, en attendant, l’ancien chef du service de pédiatrie du CHU de Créteil compte fermement sur les pharmaciens pour faire monter ou remonter les taux de vaccination. Sans aller jusqu’à administrer des vaccins au sein même des officines, ou du moins les rappels, comme l’a préconisé l’Académie nationale de pharmacie le mois dernier, ceux-ci ont, pense-t-il, un rôle très important à jouer. « Pour faire connaître le calendrier vaccinal qui change chaque année, en distribuant par exemple des fiches informatives aux parents, pour vérifier le carnet de santé des enfants et des adolescents et pour lutter contre les rumeurs qui circulent abondamment sur Internet. »
Des insuffisances inexplicables.
En France, en effet, la couverture vaccinale est loin d’être satisfaisante, explique le Pr Reinert, deux exemples à l’appui, caricaturaux mais, hélas, d’actualité.
Alors que notre pays s’était fixé pour objectif d’éradiquer la rougeole d’ici à 2010, la maladie non seulement sévit toujours, mais est en recrudescence depuis 2008. « Honte à la France qui a déjà enregistré 17 000 cas en 2012 (contre 604 en 2008), dont près de la moitié sont des adolescents et des jeunes adultes, et 10 décès contre 0 en 2005. » Le vaccin est très efficace (il protège à 90 %), à condition que les enfants reçoivent 2 doses, à l’âge de 12 mois, puis entre 13 et 24 mois.
Malheureusement, si, pour la première dose, la couverture est de 91 %, elle chute à 60,3 % à la deuxième dose. « Comme le virus est le plus contagieux qui soit, il faut une couverture vaccinale de 95 % à l’âge de 2 ans pour protéger la population, précise le Pr Reinert. C’est le cas en Finlande où la maladie est éradiquée depuis 1996, en Norvège, en Suède et aux États-Unis. » Nous en sommes très loin, d’où les épidémies graves enregistrées ces dernières années et la modification des recommandations : 2 doses de vaccin ROR pour les enfants nés après 1980 et 1 dose pour les adultes nés avant 1980 qui ne sont pas à jour de leur vaccination, exerçant des professions de santé ou en charge de la petite enfance. Encore faut-il que celles-ci soient suivies.
Autre exemple, celui de la méningite à méningocoque C. Dix ans après l’arrivée des vaccins anti-méningocoque C et deux ans après leur remboursement, elle reste la hantise du pédiatre, pour le nourrisson et l’adolescent notamment. La couverture vaccinale française reste en effet anormalement basse : de 30 % chez les nourrissons de 12 à 35 mois, 28,6 % chez les enfants de 6 ans et 12,4 % chez les 14-15 ans. L’objectif d’obtenir une immunité collective pour protéger les nourrissons de moins d’un an est donc loin d’être atteint. La Grande-Bretagne, qui avait davantage de cas, parfois mortels, que la France, a complètement résolu le problème en procédant à des vaccinations massives. Il en va de même de la Belgique, de la Hollande et de l’Espagne, où la maladie a disparu.
Depuis 2009, la stratégie recommandée en France consiste à administrer 3 doses (à 1 an, 16-18 mois et 24 mois), avec un rattrapage étendu jusqu’à 24 ans, mais elle n’est pas respectée, se désole le Pr Reinert. « Ce laisser-aller est déprimant et ne s’explique pas. Ces vaccins sont tous bien tolérés, il faut le faire savoir. »
La coqueluche aussi.
Comme la rougeole, la coqueluche resurgit en France depuis quelques années. Des efforts d’information s’imposent. « Les messages à faire passer sont simples : Tant que le nouveau-né n’a pas reçu ses 3 injections à 2, 3 et 4 mois, il n’a aucune défense contre la bactérie Bordetella pertussis et peut être facilement contaminé par son entourage. Seule solution pour les parents et les grands-parents : un rappel vaccinal combiné car le vaccin ne protège que 10 ans. » Actuellement, moins de 10 % des parents sont à jour.
Le Pr Reinert insiste aussi sur la notion de « vaccin altruiste » que le pharmacien est à même de faire comprendre : on se vaccine pour soi, mais aussi pour autrui. Une notion que les anti-vaccins ignorent ou écartent en comptant sur les autres…
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