LA QUASI-TOTALITÉ des pharmacies du Loiret (212 au total) est engagée depuis une semaine dans une grève des gardes illimitée. Le mot d’ordre émane du syndicat des pharmaciens du département, affilié à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui entend ainsi protester contre le non-aboutissement des négociations avec l’assurance-maladie. « Pour nous, la convention a été rompue par l’UNCAM », explique le co-président du syndicat du Loiret, Didier Machicoane. En effet, explique-t-il, les confrères attendent une résolution rapide en ce qui concerne les entretiens pharmaceutiques, la nouvelle rémunération, ou encore le versement de la prime générique pour 2012. « Nous sommes dans un contexte d’insatisfaction général de la base qui est très motivée et qui, dès janvier, nous a demandé d’agir », souligne-t-il. Déjà depuis plusieurs mois, les représentants syndicaux refusent de siéger à la commission paritaire locale (CPL) du département, mais aussi à celle de la région (CPR). L’appel à la grève des gardes est un nouveau stade dans l’expression du mécontentement des pharmaciens du Loiret. Et la mobilisation pourrait s’étendre à d’autres départements.
3 307 euros pour une officine moyenne.
L’annonce pourrait peut-être calmer un peu les esprits. Prévu initialement pour la fin du premier trimestre, le versement de la prime générique pour 2012 sera effectué à la fin du mois, a indiqué l’assurance-maladie lors de la dernière commission paritaire nationale (« le Quotidien » du 20 juin). Dans une circulaire adressée aux confrères, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) affirme que 99,97 % des pharmaciens toucheront une prime, de 3 307 euros pour une officine moyenne. « Dans les départements de la Vendée, Loire-Atlantique, Sarthe et Mayenne, la prime se situe entre 5 435 et 4 852 euros par pharmacie, précise le syndicat. À Paris, le montant moyen est de 1 686 euros par officine. » Pour son président, Gilles Bonnefond, c’est « grâce aux engagements pris entre la CNAM, l’USPO et l’UNPF* le 21 mai 2013, au moment de la signature du nouvel avenant générique, que les délais de paiement seront respectés sans retard supplémentaire ». Un nouvel avenant, dont l’atteinte de l’objectif (fixé également à 85 %), « calculé sur 12 mois comme l’année dernière, de janvier à décembre, permettra d’obtenir une prime supérieure à 6 000 euros par pharmacie, soit le double, avec un versement prévu en avril 2014 », souligne Gilles Bonnefond. Le président de l’USPO ajoute : « Cette prime représentera en moyenne 2,8 % de notre rémunération globale et marque une évolution significative de notre mode de rémunération. » Rappelons que la FSPF a refusé de parapher ce nouvel avenant, estimant qu’il prévoyait des efforts supplémentaires sans contrepartie (« le Quotidien » du 21 mai).
Le suivi des AVK toujours bloqué.
Quoi qu’il en soit, le blocage des négociations sur l’honoraire et la non-parution des textes permettant le lancement officiel de l’accompagnement des patients sous AVK continuent de cristalliser les crispations d’une partie de la profession. « Nous continuons à nous mobiliser pour concrétiser les nouvelles missions des pharmaciens (AVK, asthme, traitements substitutifs aux opiacés, personnes âgées…) et pour faire évoluer le mode de rémunération de notre acte de dispensation sans déstabiliser le réseau, tient à rassurer Gilles Bonnefond. Ces missions et ces projets soutenus par la CNAM prennent un retard inacceptable dont les seuls responsables aujourd’hui sont les ministères concernés ! » Il y a quelques semaines, le président de la FSPF, Philippe Gaertner, avait alerté le directeur de cabinet de Marisol Touraine des risques de ne pas voir aboutir le dossier rémunération, les systèmes compensatoires, mis en place afin d’assurer la transition avec le nouveau mode de rémunération, allant s’épuiser petit à petit au cours de l’année. Pour lui, la faute revient à l’assurance-maladie. « Les propositions faites jusqu’ici par le directeur général de l’UNCAM** ne permettent d’atteindre aucun des objectifs assignés : ni de déconnecter partiellement la rémunération des pharmaciens d’officine des volumes et des prix de médicaments, ni de donner un sens à l’évolution de leur rémunération », expliquait ainsi Philippe Gaertner à l’issue de l’ultime réunion de négociations avec l’assurance-maladie (« le Quotidien » du 27 mai). « La division syndicale est aussi stérile qu’inutile et risque de nous pénaliser durablement, estime pour sa part Gilles Bonnefond. Si nous n’obtenons aucun engagement du gouvernement pour l’évolution du métier de pharmacien au-delà de cet accord générique, l’USPO vous demandera de vous mobiliser. » Les discussions avec l’assurance-maladie doivent reprendre début juillet.
* Union nationale des caisses d’assurance-maladie
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