NOTRE ORGANISME est équipé d’un système de surveillance très sophistiqué chargé de détecter, de réparer ou de détruire toutes les cellules non conformes ou mutées qui apparaissent au cours du processus de multiplication. Il est capable de déclencher le « suicide », ou aptose, des cellules anormales. Dans certains cas, des cellules échappent à ce contrôle de qualité ; elles migrent, et le cancer se propage en formant des métastases. Ces cellules possèdent toutefois des spécificités biologiques qui permettent de les identifier.
Les anticorps existent naturellement dans l’organisme. Ils sont produits par le système immunitaire pour lutter contre les agents microbiens et viraux qui tentent de coloniser notre corps. Ils reconnaissant les cellules indésirables et les marquent d’une « étiquette biologique » afin qu’elles soient détruites par d’autres cellules tueuses, les macrophages, spécialisées de notre système de défense. Ces propriétés de reconnaissance et de liaison des anticorps aux cellules cancéreuses ont été exploitées en tant que telles : l’anticorps couplé à un agent cytotoxique (anticorps conjugué) lui sert de vecteur jusqu’à la cible à détruire sur laquelle il s’est spécifiquement fixé. Plusieurs anticancéreux de ce type ont été mis sur le marché depuis le début des années 2000.
Parallèlement, et en complément, la radiothérapie interne est aujourd’hui largement utilisée pour traiter les cancers. Elle fait appel à la radioactivité identifiée au début du siècle dernier par Pierre et Marie Curie. La transformation d’un isotope instable en atome stable se traduit par une perte de masse et une production d’énergie sous forme de rayonnement. Cette énergie produite par des isotopes radioactifs est utilisée pour détruire les tumeurs depuis près de cent ans.
Un pari scientifique unique.
Le partenariat entre Roche et Areva Med a officiellement été signé en 2012. Le programme commun Roche-Areva Med est unique au monde ; il vise à associer anticorps et radio-isotope, à coupler immunothérapie et radiothérapie pour un hyperciblage et une destruction des cellules tumorales. Roche conçoit des anticorps intelligents (voir encadré) qui préciblent les cellules cancéreuses et servent de site d’ancrage à un isotope rare au cœur des recherches de médecine nucléaire, le plomb 212. Areva Med produit la « charge » de Pb 212 radioactif ultrapur dont la durée de vie et l’action à très faible portée sont compatibles avec le vivant. Le Pb 212 a une demi-vie de dix heures, et la portée du rayonnement alpha émis est de l’ordre de quelques dizaines de microns, c’est sensiblement la taille d’une cellule. Lors de la désintégration de Pb 212, le rayonnement alpha permet une libération d’énergie puissante sur une courte distance, dans un très faible volume.
Il s’agit de concevoir un médicament construit sur le principe de la « fusée à deux étages ». Cette approche en deux temps, plus spécifique que la radiothérapie classique, permet une meilleure destruction des cellules cancéreuses avec un minimum de dommages pour les tissus sains. L’isotope sera produit en fonction des besoins exprimés par les chercheurs. Ce sont des quantités très faibles, de l’ordre de quelques nanogrammes.
Un laboratoire au cœur du Limousin.
C’est dans le centre de la France, près de Limoges, que les partenaires Areva Med et Roche ont équipé le tout nouveau laboratoire baptisé ARCoLab, où sont effectuées les recherches sur cette nouvelle génération de médicaments. L’ARCoLab, opérationnel depuis mars 2013, est l’un des laboratoires de médecine nucléaire les mieux équipés au monde. « Avec ce nouveau laboratoire commun de recherche, l’expertise de notre filiale américaine Macrocyclis, et le Laboratoire Maurice Tubiana, Areva Med dispose de compétences et de moyens sans précédent, grâce auxquels nous espérons de grandes avancées dans le combat contre le cancer », déclare Patrick Bourdet, président d’Areva Med. Une équipe mixte, Institut Roche Recherche et Médecine Translationnelle (IRRMT) et Areva Med, constituée de cinq chercheurs et ingénieurs, a pour objectif d’évaluer l’efficacité antitumorale de la RIT alpha dans différents modèles précliniques. « Les premiers résultats scientifiques, qui permettront notamment de valider cette approche, sont attendus en 2014. Si ces résultats sont concluants, la technologie de la RIT alpha pourrait, à horizon 2020, donner naissance à une nouvelle génération de traitements anticancer hyperciblés, précise Corinne Le Goff, présidente de Roche Pharma France et de l’IRRMT. La complémentarité des expertises de Roche et Areva est simplement remarquable et nous sommes fiers que cette aventure scientifique se déroule en France », ajoute-t-elle.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %