SOUS LE TITRE « Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », les deux auteurs se livrent notamment à une attaque en règle contre le circuit du médicament et l’industrie pharmaceutique. Ils tirent à vue sur la pharmacopée française, jugée pléthorique, les milliards d’euros « jetés par les fenêtres », passent en revue un certain nombre de scandales pharmaceutiques et se permettent de classer les spécialités de 24 classes pharmaceutiques en trois catégories : utile, inutile, dangereux.
Revue de détail des principaux chapitres.
• « Des dépenses de médicaments délirantes »
Pas question pour le tandem de faire dans la dentelle. Selon les auteurs, les dépenses de médicaments représentent 36 milliards d’euros par an, dont « au moins le tiers » serait « injustifié ». Environ 12 milliards seraient donc dilapidés sans aucun bénéfice pour la santé. Sans citer de sources, ils assurent que les dépenses de médicaments en France représentent le double des sommes dépensées en Angleterre, et 70 % de plus qu’en Italie. Les ordonnances de ville comprendraient en moyenne 41 euros de médicaments, « contre 15 à 20 euros ailleurs », assurent-ils.
• Agences, patients, médecins : tous coupables !
Beaucoup trop de médicaments donc. Mais à qui la faute ? Aux agences sanitaires d’abord qui se contentent, pour donner accès au marché, d’« une probabilité ténue d’efficacité », alors que « pour en être écarté, il faut une preuve irréfutable de risque ». Suivez leur regard. À les lire, toute gomme à mâcher est un Mediator en puissance.
Les patients ne sont pas épargnés : ces « malades imaginaires achètent ces molécules au caddy, carte Vitale en main ». Quant aux médecins, bien peu lucides, les voilà prévenus : « il est démagogique, il n’est ni utile ni juste de prescrire (..) des médicaments inefficaces et quelquefois dangereux », parfois même « prescrits hors de propos ou hors indication ».
• « Le refus français des génériques ».
Les auteurs jugent que, en France, « tout a été fait pour en freiner le développement », au moment où précisément la CNAM durcit sa politique du générique. Prix supérieurs à ceux de nos voisins, médecins qui « se refusent à prendre en compte la dimension économique de la santé », industrie pharmaceutique qui « use de tous les moyens pour retarder les génériques », les auteurs décrivent un quasi-complot pour priver l’assurance-maladie d’économies importantes.
• Évaluation des médicaments, fixation des prix et remboursement à revoir
Le système français est accusé de marcher « volontairement très mal, au service des industriels ». Pire, les AMM seraient accordées « sur la seule base des dossiers plus ou moins complets, masqués et parfois mensongers, remis par les firmes, sans aucun contrôle ». Chargé de fixer le prix des médicaments, le Comité économique des produits de santé (CEPS) est accusé d’avoir « l’immense pouvoir » de décider de tout. Les décisions s’y prendraient « en proposant aux ministres exactement ce qu’ils souhaitent s’entendre proposer », et en « privilégiant » les laboratoires français.
• Accusation de « corruption »
Entendre ici liens d’intérêt des laboratoires… « Sur 40 présidents ou vice-présidents des conseils, comités, commissions et groupes d’experts de l’AFSSAPS, 9 sont au-dessus de tout soupçon, mais 31 ont en moyenne 9 contrats personnels de consultance avec l’industrie. » Le rapport cite les noms de 11 experts, qui auraient signé chacun entre 36 et 43 contrats personnels avec l’industrie. Selon eux, ces experts « doivent être écartés manu militari ».
• L’industrie pharmaceutique au pilori
Accusée de tous les maux, l’industrie n’aurait comme seul souci que ses impératifs industriels et financiers. Elle en prend pour son grade, que ce soit pour les essais cliniques qu’elle réalise (peu crédibles, biaisés, truqués et même mensongers…), ou pour le coût de son secteur Recherche et Développement (R&D).
Les auteurs ironisent sur le « chiffre magique » de 800 millions de dollars, dont l’industrie répète qu’il correspond au coût moyen de R&D d’une molécule, et assurent que la réalité est bien inférieure, avec un coût moyen qu’ils estiment « 4 à 8 fois inférieurs ». Les laboratoires français ne sont pas épargnés, accusés de n’avoir sorti aucune avancée thérapeutique réelle depuis 1980.
Bernard Debré est professeur d’urologie, vice-président de l’institut Necker et député UMP de Paris.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %