« L’AFFAIRE ARMSTRONG et son dénouement à rebondissements doivent nous permettre de tirer des enseignements et nous obligent à réfléchir collectivement aux moyens d’améliorer encore nos outils pour lutter contre le dopage », déclare la ministre des Sports Valérie Fourneyron, en ouverture de la première conférence internationale sur l’industrie pharmaceutique et la lutte contre le dopage. Organisé lundi dernier, à l’Assemblée nationale avec le soutien du ministère des Sports, de l’Agence mondiale antidopage (AMA), de l’UNESCO et du Conseil de l’Europe, ce rendez-vous avait pour but de susciter de « nouveaux partenariats pour un sport propre » avec les industriels du médicament.
En collaborant avec les chercheurs de l’AMA sur des molécules en développement identifiées comme dopantes, certains groupes pharmaceutiques ont déjà permis à l’agence d’élaborer précocement des tests de dépistage efficaces. C’est le cas notamment du Laboratoire GlaxoSmithKline qui travaille actuellement avec l’agence sur trois nouveaux médicaments. « GSK a donné des détails considérables qui vont permettre la détection dans le sang ou dans les urines », témoigne Philip Thomson, vice-président principal (communication mondiale) du groupe britannique. « Le maintien de la confidentialité a été plus simple que ce que nous pensions, et la mise en œuvre de ces tests a été plus rapide. Nous avons avec l’AMA une collaboration similaire à celle que nous avons avec les sites de recherche clinique et le monde universitaire », résume ce responsable de GSK.
Un test ad hoc.
Tout a commencé en 2004 avec une première collaboration entre Hoffmann La Roche et l’AMA dans le cadre de la détection d’une EPO (Mircera). S’ensuivirent d’autres échanges avec des entreprises comme Shire, Merck ou Nycomed. « Les partenariats que l’AMA a établis depuis quelques années avec l’industrie pharmaceutique et des biotechnologies ont déjà commencé à porter leurs fruits », souligne John Fahey, président de l’agence. En 2008, la commercialisation de l’EPO de 3e génération s’est ainsi accompagnée de la mise en place d’un test ad hoc lors du Tour de France, grâce à une coopération entre Roche et l’AMA. Plutôt qu’une réglementation contraignante – compliquée à mettre en place – l’Agence mondiale antidopage mise aujourd’hui sur une collaboration résolument volontariste de l’industrie pharmaceutique.
Pour le Dr Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), tout le monde peut profiter de ce rapprochement. Les industriels « disposent de l’expertise et des ressources pour soutenir efficacement la communauté antidopage » qui peut, de son côté, « partager des informations permettant à ces grandes entreprises de mieux superviser l’abus de leurs produits par des sportifs qui souhaitent améliorer leur performance », résume-t-il. En 2010, une déclaration commune a été signée entre la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM) et l’AMA. Les entreprises membres de la FIIM et de l’Organisation de l’industrie des biotechnologies (OIB) sont invitées à coopérer volontairement avec l’AMA dans le but d’« identifier efficacement les composés médicaux présentant des risques de mésusage chez les sportifs » à des fins dopantes.
Marché noir.
« Il est ambitieux de penser que toutes les industries pharmaceutiques ou biotechnologiques auront le réflexe ou la volonté de contacter l’AMA dès lors qu’elles développent une substance à potentiel dopant », ajoute-t-il. « Il est donc important de mobiliser également les agences nationales et internationales du médicament afin qu’elles agissent en acteurs responsables en orientant les industriels vers l’AMA lorsque des substances à potentiel dopant arriveront non identifiées comme telles à l’étape d’AMM », insiste le Dr Rabin. Si les coopérations entre l’AMA et l’industrie pharmaceutique constituent une voie de progrès incontestable dans le domaine de la lutte contre le dopage, elles ne suffiront pas à résoudre tous les problèmes liés aux médicaments. « Nous ne parviendrons pas à maîtriser le flot incessant de nouvelles substances disponibles sur le marché uniquement en tentant de structurer un partenariat avec les acteurs industriels officiels », fait remarquer Gabriella Battani-Dragoni, secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe qui juge « nécessaire de mener des actions envers les acteurs du marché noir et les contrefacteurs ».
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