QUE DE CHEMIN parcouru depuis 1885 ! Cette année marquait en effet les premiers pas d’Albert Boehringer en tant qu’industriel. Le fondateur du laboratoire Boehringer-Ingelheim avait-il alors pressenti qu’il serait à l’origine de ce qui deviendrait, à l’aube du troisième millénaire, l’un des vingt géants de l’industrie pharmaceutique mondiale. L’esprit d’innovation dont il fit preuve, par la fabrication de sel d’acide tartrique, tout d’abord, puis la production en masse d’acide lactique grâce à l’action bactérienne, par la suite, ne démériterait pas aujourd’hui. L’existence de Prontalgine, marque notoire du laboratoire, peut en témoigner. C’est dans la filiale française du groupe – Boehringer-Ingelheim France – que l’antalgique figurant au top 5 de sa catégorie OTC en décembre 2012 (baromètre du « Quotidien », 17 janvier 2013), a vu le jour.
Les années 1980 sont déjà entamées que le laboratoire ne compte toujours pas d’antidouleur au nombre de ses spécialités. Un vide que les chercheurs comblent en imaginant une formule riche de cinq composants. Parmi les antalgiques, deux molécules sont sélectionnées. Le paracétamol, tout d’abord, constitue un choix éclairé. Dosé à 400 mg, ses propriétés analgésiques et antipyrétiques, ainsi que sa grande tolérance, notamment sur le plan gastrique, le placeront rapidement au premier rang du marché OTC des antalgiques. La codéine, ensuite, lui est associée. L’opiacé renforce l’action du paracétamol en agissant sur la perception de la douleur par le cerveau, un effet « potentialisateur » qui permet de réduire le dosage en codéine. Bien que présente en faible quantité (20 mg), l’effet de somnolence qu’elle peut induire est, en outre, combattu par la présence de caféine (50 mg) dont les propriétés stimulantes trouvent ici matière à s’employer judicieusement. Deux autres composants viendront parfaire ce trio d’actifs : un antispasmodique associé à l’amobarbital. De la famille des barbituriques, ce dépresseur non sélectif du système nerveux central est utilisé pour ses effets sédatifs, hypnotiques et anticonvulsivants. C’est donc porté par une formule riche de cinq principes actifs capables d’agir en synergie que Prontalgine est lancé, en 1981. Son nom est à l’image de son mode opératoire et de son action, prompt à agir contre la douleur.
Indéfectible vocation.
Le médicament se présente tout d’abord sous la forme de comprimés conditionnés en boîte de 12 dont l’usage est réservé aux sujets adultes âgés de 15 ans et plus. Souvent préconisé à ses débuts dans la prise en charge des menstruations douloureuses, il fait preuve aujourd’hui d’une utilisation à la fois large et ciblée : conseillé dans le traitement de toutes les douleurs, il est aussi particulièrement utilisé dans la lutte contre les maux de tête et les douleurs dentaires. Son indication est le traitement symptomatique des douleurs d’intensité modérée à intense ou ne répondant pas à l’utilisation d’antalgiques périphériques seuls.
Fort d’une efficacité indéniable, Prontalgine va rapidement conquérir l’officine et emporter le suffrage des pharmaciens. Un soutien indispensable pour cet antalgique de niveau II dont la composition, intégrant de la codéine, interdit toute communication vers le grand public. Grâce au soutien de l’officine (90 % des pharmaciens connaissent la marque), grâce aussi à la prescription du corps médical, généralistes mais également dentistes, la spécialité va peu à peu gagner les tout premiers rangs du marché en termes de ventes. Sans publicité, à l’aide d’une seule présentation, Prontalgine va atteindre la seconde place du segment des antalgiques de médication familiale. Son parcours sans fautes n’est cependant pas dénué d’événements. En termes de formulation, tout d’abord, puisque la fin des années 1990 voit sa composition simplifiée. L’amobarbital et l’antispasmodique sont retirés de la formule afin de se conformer aux décisions des autorités qui préconisent une diminution maximale des effets indésirables dans les produits OTC. Moins de principes actifs, moins de risques d’engendrer des réactions qui ne sont pas souhaitées. Au début des années 2000, Prontalgine adopte un nouveau conditionnement sous la forme d’une boîte contenant 18 comprimés qui va, durant une décennie, coexister avec sa présentation d’origine, plus restreinte. En 2011, celle-ci disparaît définitivement pour laisser la place à la contenance la plus généreuse. Un an après, en 2012, c’est l’habillage du médicament qui est revisité dans une tonalité plus moderne, vouée à traduire ses points forts, rapidité d’action et efficacité en terme de soulagement de la douleur. Une problématique dont la marque a fait sa vocation, focalisée sur l’amélioration de sa prise en charge. En cela, elle se situe précisément dans l’air du temps, répondant à la demande croissante du public pour des formules capables de présenter de forts dosages en antalgique. Des médicaments puissants à la vitesse d’action inégalée au nombre desquels figure Prontalgine. L’augmentation de 22 % de ses ventes, enregistrée l’année passée, n’est pas le fruit du hasard. Pour la marque, il s’agit d’une tendance porteuse qui, depuis plusieurs années déjà, lui assure annuellement une progression à deux chiffres. Face à ce succès, la douleur n’a qu’à bien se tenir. C’est tout ce qu’on lui souhaite.
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