Évaluation du statut nutritionnel chez la personne âgée
5 à 10 % des personnes âgées vivant à domicile souffrent de dénutrition. Un dépistage est recommandé au moins une fois par an en ville, plus souvent si la personne âgée présente une situation à risque. Celle-ci peut être constituée par des facteurs sociaux (isolement, difficultés financières, maltraitance...), des troubles buccodentaires, perte des dents (diversité alimentaire restreinte) ou de la déglutition ou encore des troubles psychiatriques (dépression, troubles du comportement). La polymédication (la prise des médicaments avec de l’eau en début de repas est anorexigène), la dépendance, certaines pathologies chroniques (maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson) ou aiguës (responsables d’un hypercatabolisme) influent également sur le rapport à l’alimentation. Certains médicaments sont par ailleurs responsables d’une altération du goût, d’une sécheresse buccale ou encore de troubles digestifs.
Pour la personne de plus de 70 ans, le diagnostic de dénutrition est posé selon les critères suivants : perte de poids supérieure à 5 % en 1 mois ou supérieure à 10 % en 6 mois ou indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 21 (mais attention : une personne âgée peut être obèse et dénutrie) ou albuminémie inférieure à 35 g/l (l’hypoalbuminémie n’étant pas spécifique d’une dénutrition) ou score MNA global inférieur à 17 (Mini Nutritionnal Assessment). On parle de dénutrition sévère en cas de perte de poids supérieure à 10 % en 1 mois ou supérieure à 15 % en 6 mois ou un IMC inférieur à 18 ou une albuminémie inférieure à 30 g/l.
Le MNA est un questionnaire en 30 points qui se compose de deux parties : la première concerne un dépistage général en 14 points (perte d’appétit, perte de poids, motricité, maladie ou stress psychologique récent, problèmes neuropsychologiques, IMC) et est suivie d’une évaluation plus approfondie en 16 points (indépendance, nombre de médicaments, présence d’escarres, détail des repas et boissons, circonférence brachiale et du mollet).
D’autres critères peuvent également être évalués (pli cutané tricipital au niveau du bras à mi-distance entre l’acromion et l’olécrane) et d’autres signes peuvent alerter : des cheveux secs et cassants, un visage terne et amaigri, des pétéchies ou des œdèmes des membres inférieurs.
Évaluation du statut nutritionnel chez l’adulte
La dénutrition concerne la plupart des patients cancéreux (principalement cancer des voies aérodigestives avec 60 à 90 % de dénutris). Elle est liée à différents facteurs : complications de la tumeur, traitements (chimiothérapie, radiothérapie ou chirurgie), facteurs psychosociaux (dépression, anxiété)… L’évaluation du statut nutritionnel comprend :
- Une évaluation clinique (taille, poids, IMC et variations, appréciation des troubles digestifs et détermination des besoins énergétiques). Selon certains auteurs, la perte pondérale est significative si elle supérieure à 10 % au cours des six derniers mois ou de 5 % au cours des 3 derniers mois ;
- Une évaluation de la prise alimentaire ;
- Une évaluation des capacités fonctionnelles : activité professionnelle ou physique, activité domestique, autonomie dans la vie courante et nécessité de soins (indice de Karnofsky et score OMS) ;
- Une évaluation multidimensionnelle. Trois indices sont utilisables : l’indice de Detsky, qui prend en compte l’évolution récente du poids, le niveau de consommation alimentaire, l’existence de troubles digestifs, l’état des réserves adipeuses sous-cutanées et des masses musculaires et la présence d’œdèmes ; l’autoévaluation nutritionnelle globale subjective ou le MNA (Mini Nutritional Assessment) pour le sujet âgé.
L’albumine et la préalbumine sont les dosages biologiques habituellement préconisés.
Une intervention nutritionnelle est recommandée en général lorsque le patient a perdu plus de 10 % de son poids.
Chez l’adulte, d’autres maladies sont fréquemment associées à une malnutrition protéinoénergétique et nécessitent aussi une évaluation régulière de l’état nutritionnel : par exemple une malabsorption intestinale, une maladie inflammatoire du tube digestif, le SIDA ou une insuffisance rénale chronique.
Évaluation du statut nutritionnel chez l’enfant
Les nombreuses consultations médicales du jeune âge peuvent permettre de repérer un état de malnutrition. Le Comité de Nutrition de la Société française de Pédiatrie a émis récemment des recommandations* pour évaluer l’état nutritionnel de l’enfant : peser et mesurer tout enfant quel que soit le motif de consultation ou d’hospitalisation, effectuer une analyse cinétique de la croissance à partir des courbes obtenues (par exemple on repère une cassure pondérale suite à l’introduction de gluten chez le nourrisson), calculer l’IMC et mener une démarche diagnostique complète à chaque fois que l’IMC est inférieur au 3e percentile pour l’âge et le sexe, intégrer et évaluer une stratégie nutritionnelle dans le soin.
Attention : un IMC inférieur au 3e percentile correspond à 3 % de la population de référence mais n’indique pas forcément une situation pathologique et inversement une perte de poids et d’IMC peut signifier une situation pathologique même si l’IMC reste au-dessus de 3 %. Il est important aussi de noter que les poids de référence de l’OMS sont légèrement différents des poids de la courbe nationale.
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