SELON les résultats de Tan et coll., un régime pauvre en acides gras oméga 3 provenant du poisson apparaît à même d’accélérer le vieillissement cérébral, avec une perte plus rapide des capacités de mémorisation et d’organisation de la pensée. Les acides gras oméga 3 présents dans la chair de poissons comprennent les acides docosahexénoïques (DHA) et eicosapentaénoïques (EPA).
Les auteurs se sont fondés sur les grandes études épidémiologiques qui ont montré une association entre les habitudes concernant les poissons gras chez certaines populations et une réduction de la survenue des démences. Dans la cohorte originelle de Framingham, les participants dans les quartiles les plus hauts des concentrations plasmatiques de DHA ont des risques de maladie d’Alzheimer et de démences de toutes causes réduits respectivement de 37 et 47 %.
Le reflet de la consommation.
La nouvelle étude dont il est ici question est la première à relier la composition des hématies à des marqueurs subcliniques d’une future démence. La composition des hématies en acides gras reflète la consommation des individus pendant la vie de cette cellule, soit 120?jours, alors que la concentration plasmatique reflète la consommation des quelques jours précédents.
De plus, la composition membranaire des hématies en acides gras oméga 3 est plus stable que la concentration plasmatique et elle est très bien corrélée à celle des tissus cardiaques.
La cohorte des enfants de Framingham a été évaluée par imagerie IRM et tests neurocognitifs. Chez des participants ne présentant pas de signes de démence, on a relié les taux de DHA et d’EPA des globules rouges (n = 1 575 ; 854 femmes, moyenne d’âge de 67 ans) aux performances cognitives et aux résultats volumétriques du cerveau à l’IRM.
Les résultats montrent que les participants ayant des niveaux de DHA situés dans le quartile le plus bas comparés aux autres quartiles présentent un volume cérébral plus faible et une hyperdensité plus marquée de la substance blanche. L’association persiste dans les analyses multivariées (après les ajustements pour l’âge, le genre [sexe], l’éducation, l’apo E epsilon 4, l’homocystéine plasmatique, l’IMC, l’activité physique, les facteurs de risque vasculaire traditionnels).
Les participants ayant les taux les plus bas de DHA et d’index oméga?3 (DHA + EPA des globules rouges) ont les scores les plus bas aux tests de mémoire visuelle, à l’évaluation des fonctions exécutives (résolution des problèmes, exécution de tâches multiples) et à celles de la pensée abstraite.
Le résultat à l’imagerie IRM représente un vieillissement d’environ deux ans d’âge structural cérébral, chez cette population d’âge moyen avancé. Ces notions complètent celles de l’étude Cardiovascular Health Study, qui a montré que la consommation de poisson au moins trois fois par semaine est associée à une réduction des anomalies vasculaires infracliniques. Les acides gras, composants des membranes, influent sur la fluidité membranaire, le transport des ions et d’autres fonctions.
Il en va de même avec les membranes neuronales, d’autant que le SNC possède la concentration la plus élevée en phospholipides du corps. Et les acides gras insaturés à longues chaînes y sont présents en abondance.
Les capacités de biosynthèse des acides gras polyinsaturés DHA et EPA à partir de l’acide alpha-linolénique déclinent avec l’âge. Une étude clinique a montré qu’une supplémentation quotidienne en DHA chez des adultes âgés améliore les capacités d’apprentissage et la mémoire. Les résultats dans la maladie d’Alzheimer ne sont pas probants, sauf à un stade très précoce. D’où l’intérêt d’agir préventivement en amont.
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